Romain, Catherine, Mathieu, ... : ils étaient une vingtaine de jeunes UMP d'Orléans, dimanche matin, à prendre le car pour aller assister au meeting pour la jeunesse de Nicolas Sarkozy, au Zénith de Paris. Choses vues et entendues.
Le car jaune du conseil général du Loiret affrété par les Jeunes Populaires – le mouvement des jeunes UMP – du département peine à se remplir. Il est déjà 9 heures et ils ne sont qu'une grosse vingtaine à avoir répondu présents à l'invitation. "Certains militants étudient ou travaillent sur Paris", temporise Caroline Le Meur, responsable locale du mouvement. "Ils auront préféré rester sur place". Le car démarre, direction: le Zénith de Paris, où Nicolas Sarkozy tient un meeting pour les jeunes. À l'avant, quelques adultes chahutent. Au milieu, il y a les jeunes travailleurs, peu bavards. Et au fond, les plus jeunes militants, MP3 vissés aux oreilles. Lorraine n'a que 16 ans. Elle est venue avec Capucine, sa sœur aînée. Toutes deux ont adhéré récemment d'un commun accord : "Papa est à l'UMP, mais maman préfère Bayrou. Alors chez nous, ça discute". Il s'agit de leur premier meeting de
campagne. Elles se disent "en route vers l'aventure".
À quelques rangs de là, il y a Romain et Mathieu. Ils sont parmi les plus anciens militants d'Orléans. "Sur les questions de la jeunesse, Sarkozy a déjà développé la majeure partie de son programme. Nous y allons pour le soutenir et nous motiver". Ils profitent du voyage pour commenter l'actualité. Leur cible fétiche : la candidate socialiste. Étrangement, ils l'appellent par son prénom, presque avec une affection coupable : "Ségolène fait appel aux éléphants quand ça va mal et les lâche dès que les sondages remontent".
Derrière eux, Catherine, une étudiante en marketing bancaire de 24 ans fait part de son intérêt pour les meetings : "On y va pour se stimuler. Pour la vraie confrontation d'idées, il y a les débats publics".
Vers 11 heures, le car approche enfin du Zénith. Il croise les Jeunes Populaire du Bas-Rhin. "Il est super mieux leur car, t'as vu ?", lance une lycéenne. Chacun enfile son tee-shirt "J'aime la France, je vote Sarko" distribué par Caroline. "Tu crois qu'à la fin on pourra
les échanger avec les autres fédérations, comme au football ?", s'amuse une étudiante.
Devant le Zénith, le groupe se trouve rapidement confronté aux mouvements de foule qui "animent " l'entrée de la salle. L'agacement se fait sentir. Chrystelle, une jeune avocate adhérente depuis un an, essaye de raisonner ses petits camarades. Une autre militante compressée s'écrie: "Je suis prête à mourir pour Nicolas !". Romain, lui, est déçu par
l'organisation : "D'habitude, c'est le bordel, mais là, ils méritent le podium…"
Arrivés dans la salle, les jeunes Orléanais réservent leur place avec vue plongeante sur la scène. "C'est pas grand, en fait, le Zénith ", regrettent deux militants.
La mayonnaise ne prend pas tout de suite. Il faut attendre le troisième intervenant pour que les mains fassent la claque et que les premiers cris jaillissent.
Lorsqu'à 14 heures 15, le candidat de l'UMP fait son apparition, toute la délégation se lève comme un seul homme. Quand il parle d' "amour " et de " rêves ", Chrystelle reste bouche bée. Elle semble véritablement émue. Ses camarades, eux, reprennent rapidement leur
posture de départ. Sage, posée, polie et attentive.
Ce qui devait être un exercice de stimulation collective – pour les militants du Loiret – se sera transformé, au fil du meeting, en un moment de recueillement quasi religieux. L'émotion d'approcher Sarkozy d'aussi près, sans doute…
Libération - 18/03/2007