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25 novembre 2010 4 25 /11 /novembre /2010 18:52

Le bitume a été dur et froid. Je me suis écrasé dessus comme une merde. Je suis tombé du quatrième ou du cinquième étage, poussé que j'ai été par une matronne. Elle m'a expulsé de son esprit avec son balai de ménagère. Elle n'a pas hésité à me soumettre au vide. Elle a agité ses bras pleins de balais dans ce couloir étroit et m'a secoué l'imaginaire. J'ai eu mal en me réceptionnant sur la joue. Non, en fait j'ai pas eu mal du tout. Mes maux étaient dans mon coeur. J'ai eu mal à l'intérieur. Mes malaises profonds sont remontés à la surface. Tous ensemble, en coalition, ils se sont donnés rendez-vous ensemble, à cet instant, juste pour me faire chier. En fait ce n'était pas du bitume, c'était du sable. Du sable blond et transparent qui coulait à travers nos doigts quand on essayait d'en soulever une poignée. Je m'y suis enfoncé, enlisé, sans pouvoir résister, sans me retenir mais ça m'a fait du bien. Un bien fou. Mes pensées sont parties ailleurs et un monde de volupté m'a envahi. Il y a avait des femmes à moitié nues qui s'aspergeaient de miel, d'autres qui s'éventaient avec des feuilles de palmier et les dernières dansaient comme des connes sur le dernier Scissors Sisters. Je me suis en allé devant tant de mauvais goût. J'ai passé des rond-points de coccinelles, des sentiers de goujons et j'ai atteint une nouvelle oasis. Une aire de parking où des androgynes portaient des shorts de vinyles rouges. Un barbecue se préparait. Des odeurs arrivaient à mes narines mais je n'arrivais pas à les identifier. Je n'avais pas faim, j'avais sommeil. Je suis tombé sur place comme anesthésié par le fumet empoisonné. J'ai commencé à rêver, un rêve horrible. Nous étions lundi matin, j'étais en complet cravate, un attaché-case à la main et j'étais perdu au milieu du parvis de la Défense. Les tours d'immeubles venaient me chatouiller en riant comme des enfants saouls à la liqueur de fraise. J'ai commencé à courir mais les rires me poursuivaient, devenaient oppressants. Un aigle m'a agrippé dans le dos et m'a soulevé dans les airs. J'ai survolé les pavés de la ville à une vitesse incroyable. Une traînée de fumée blanche se formait dans notre sillage. Nous sommes arrivés à l'océan et le rapace a lâché prise comme s'il voulait me déposer sur cette plage de galets blancs. J'ai enlevé les moustiques dans mes yeux et une sirène qui sortait des flots, s'est approché de moi. Elle était pas belle et sentait fort l'algue moisie. Je l'ai pris malgré tout contre moi, par politesse, et elle m'a embrassé. Je me suis alors rendu compte que ce n'était pas une sirène mais Mme Troubineaud, la poissonnière du petit marché de Boulogne-sur-mer. Je l'ai relâché, elle a roulé à terre comme sur une piste de bowling en plein air. Elle fulminait mais je m'en foutais. J'ai repris ma route à travers les épis de maïs. J'avais les poings fermés et je serrais les dents. Il fallait absolument que je sois rentré à la maison à temps pour l'émission de Laurence Brocolini. Des corbeaux m'ont accompagné en m'indiquant la route à suivre avec leurs doigts palmés. J'ai accéléré l'allure, le temps pressait. J'ai croisé Pénélope au croisement d'un chemin carrossable. Elle me racontait qu'elle en avait marre de Londres et que le marais poitevin était finalement l'endroit où elle rêvait de finir ces jours. Elle a commencé à me faire l'éloge du dernier album de Bob Dylan alors jai filé à toute trombe. Je klaxonnais comme un dingue pour faire s'écarter les barques et les pagodes devant moi. Puis à un moment, je me suis senti complètement claqué. J'ai fait une sieste au pied d'un phare au milieu des mouettes rieuses. Je suis tombé dans un sommeil profond. Mes érections se sont succédées grâce à un diaporama de jeunes actrices qui me montraient leurs seins mous. Je tendais les mains vers l'écran pour câliner leurs attributs mammaires mais la matronne me tapait sur les doigts avec son satané balai. Frustré mais requinqué, j'ai accompli les derniers kilomètres sur le ventre en écartant mes membres qui s'étaient vu affubler de roulettes performantes. Je suis arrivé devant mon pavillon résidentiel avec ma femme qui m'attendait sur le pas de la porte. Elle me souriait avec tendresse et m'avait préparé un cake marbré qui fumait encore. Je l'ai sniffé avec une paille et me suis affalé sur mon canapé en moleskine, me munissant de la zapette et là, le quartier a été soufflé par une explosion de gaz. J'ai volé dans les airs avec ma femme qui s'accrochait à mes chaussettes et, comme un seul homme, nous nous sommes écrasés à nouveau mais ensemble, cette fois, sur ce fameux bitume...

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