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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 09:16

- Tu es la première, la première que j'aime de toutes mes forces. Les autres n'étaient que des rencontres, des brouillons que je jetais, des arrangements, des associations. C'est toi que j'attendais. Les autres, je ne veux pas en parler ! Tu ne comprends pas qu'on vit quelque chose de merveilleux, de lumineux et que je n'ai pas envie de comparer ? 

 

 Je ne voulais pas lui faire du mal. C'était mon amour qui était trop fort. Mon amour qui, parfois, s'emballait et me faisait verser dans une violence incontrôlable.

Je voulais incarner le Destin, la remettre sur ses véritables traces, sur ses traces à elle pour qu'elle s'aime, enfin. Je détestais l'idée qu'elle ne se fasse pas confiance. Elle était une reine, ma reine. Mais elle était convaincue qu'elle ne valait rien. Ou des broutilles dont elle allumait un grand feu pour aveugler les autres.

Je ne voulais pas créer une femme nouvelle, je voulais qu'elle se retrouve. Qu'elle retrouve la petite fille qui voyait tout, qui n'était pas dupe, qui avait compris, trop tôt, comment la vie marchait. Toute cette violence précise, cette clairvoyance, cette audace incroyable qu'on lui avait enlevées comme on déshabille une poupée.

Et elle s'était rhabillée à la hâte avec in fatras de hardes et de faux-semblants. Pour se cacher. Pour oublier sa honte. Pour oublier qu'on l'avait blessée. Décapitée par l'indifférence brutale des autres.

Je voulais lui faire oublier ces hommes de passage qui ne l'avaient pas regardée ou mal, ces aventures au goût amer, ces rejets qu'elle camouflait sous un masque de soldat fier. Je la sentais parfois si fragile, si chancelante, sans point d'ancrage, jouant des rôles dans lesquels elle se perdait. Petite fille tremblante ou séductrice chevronnée, apprentie balbutiante ou chef de chantier galonnée. Je ne voulais pas la changer. Je voulais qu'elle se reconnaisse, qu'elle fasse la paix avec elle-même, qu'elle abandonne ses masques et ses peurs.

C'est cela que j'ai ressenti dès notre première rencontre : sa dérive éperdue, prête à se donner au premier venu pour qu'il lui parle d'elle, qu'il lui donne confiance en elle. En quête d'un regard qui la reconstruirait. J'étais ce regard. J'allais la reconstruire. J'étais assez fort pour deux.

C'est cela qui a fait naître en moi cette passion si violente qu'il m'arrivait de ne pas toujours maîtriser.

Je voulais qu'elle soit parfaite, comme un hommage qu'elle se rendrait, qu'elle nous rendrait.

 

 

« Je sais ton amour, je le constate, mais il me rebute. Je n'arrive pas à m'en emparer, à le faire mien, à me dire qu'il est à moi, pour moi.

J'aime l'amour à distance : quand on me le raconte, quand je le vois au cinéma, quand je le lis dans les livres, quand il chante dans des chansons mais je n'arrive pas à le faire mien, à l'exprimer, à le communiquer.

Je suis inapte à aimer. Et pourtant je meurs d'envie d'apprendre.

Je recule, toujours, effrayée par trop d'amour.

Tu vas trop vite.

Tu effaces l'espace, l'attente, l'incertitude qui crée un blanc, une suspension. Un trou blanc plein d'espoir ou un trou noir.

Un blanc mystérieux, incandescent, qui allume mille petits feux dans tout le corps, dans tout le cœur parce que soudain on est assailli par un mystère, une question insoutenable : et s'il ne m'aimait plus ? Le danger pointe son nez et remet tout en cause. On comprend qu'on tient plus que tout à l'autre, on est prêt à se jeter à la mer pour ne pas le perdre.

Des trous noirs, des trous blancs.

Alors le désir rapplique soudain, affolé, affriolé. Il s'engouffre dans la brèche ouverte et la remplit de sa brûlure exquise.

Le désir doit être tenu à bout de bras, mis en scène.

Que se passe-t-il au début de chaque histoire d'amour ? Pourquoi le désir est-il sur des charbons ardents ? Parce que l'autre est un inconnu, une plaine sauvage, une étendue vierge à explorer. Un grand espace. A trop se rapprocher dans l'amour quotidien, dans les baisers donnés et reçus à tout bout de champ, on abandonne la pleine du western pour le lotissement avec le jardinet entre quatre piquets. On sait tout de l'autre, on sait ce qu'il va dire, où il va poser sa main ou sa bouche, on se résout à l'aimer sans plus jamais avoir peur de le perdre. Le cœur cesse de battre et se rétrécit. Le désir s'en va ailleurs. Vers n'importe qui, le premier qui paraît immense et mystérieux.

Je dois reconstruire du désir autour de toi. De l'envie, de la légèreté. La terre est brûlée aujourd'hui. Tout est noir, lourd, si lourd parce que, malgré ce que tu en dis, ton amour me semble encombrant, asphyxiant. Je n'ai plus de place pour mon désir à moi, pour te rêver, t'imaginer, t'attendre.

D'où viennent nos différences ? De quelle histoire sommes-nous issus pour que notre manière d'aimer soit si différente ?

On n'arrive pas seul, neuf et vierge, dans une histoire d'amour, sinon on aimerait tous de la même manière. C'est ce que je dois comprendre. C'est ce que tu dois comprendre...

En attendant, apprenons à respecter le rythme et la cadence de l'autre.

En attendant de nous rapprocher, et de nous aimer pour de bon, un jour... »

 

texte : Katherine Pancol - J'étais là avant

 

"- Tu es la première, la première que j’aime de toutes mes forces. Les autres n’étaient que des rencontres, des brouillons que je jetais, des arrangements, des associations. C’est toi que j’attendais. Les autres, je ne veux pas en parler ! Tu ne comprends pas qu’on vit quelque chose de merveilleux, de lumineux et que je n’ai pas envie de comparer ?"
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