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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 09:38

"Je ne trouvais jamais grâce à ses yeux. J'avais beau donner, donner, elle était comme un puits sans fond. Impossible à remplir. Ce n'était jamais assez, jamais bien, jamais ce qu'elle attendait. J'avais toujours faux. Tout faux."

  

« Moi je m'occuperai de toi, de ta tête, je la remplirai de mille mots, de mille merveilles qui feront naître d'autres mots, d'autres merveilles qui sortiront tout armés de ta bouche, de ta plume. Je te rendrai importante, sûre de toi, solide. Je m'occuperai de ton corps centimètre par centimètre, je l'explorerai, je le caresserai, je ferai jaillir du plaisir de chaque pore de ta peau. Ce sera la grande affaire de ma vie de te donner du plaisir... de te traiter comme une petite reine. Personne ne t'a jamais regardée. Les hommes ne regardent plus les femmes. Les femmes ne regardent plus les hommes. Ils exigent, elles réclament. Ils s'enfuient, elles menacent. Ils vont chacun de leur côté, de plus en plus tristes et solitaires. De plus en plus amers... »

 

Je crois que t'es amoureuse de moi. Ou que tu pourrais l'être. Mais que tu as trop peur de te laisser aimer parce que la dernière fois que tu as fais confiance à un homme il t'a brisé le cœur. Et je te comprends. J'ai vécu la même chose. L'ennui c'est que maintenant tu cherches tellement à te  protéger que tu préfères renoncer à ressentir quoi que ce soit. Brooke, on a tous besoin d'amour. Ça en vaut la peine...

 

Lorsqu'on est aimé, on rayonne de mille grâces invisibles, on se pare de mille charmes nouveaux. On attire les âmes gourmandes et sensibles, celles qui rôdent à la recherche d'un frisson, d'une aventure. Elles devinent qu'une autre est là, tapie sous la peau de l'homme qu'elles regardent et immédiatement convoitent. Elles l'ont peut-être déjà vu cent fois cet homme-là mais ce soir, elles le regardent différemment. Et de savoir qu'une autre femelle a jeté son dévolu sur la peau de cet homme, cet homme qu'avant elles ne regardaient pas, leur donne envie de relever le défi. D'en goûter un morceau. De l'emporter tout entier.

 

[...]

 

- C'est exactement ça... Je ne vous ai jamais aimés. Jamais. Vous lui ressembliez trop... Tout ce que j'ai fait pour vous, c'était par devoir. Vous n'avez manqué de rien ! Et j'en suis fière ! Mais mon rêve... Mon rêve aurait été d'avoir un enfant d'un homme que j'aime. Celui-là, je l'aurais aimé... J'en ai rêvé, tu sais, j'en ai rêvé. De cet homme et de cet enfant... Mais la vie n'a pas voulu me les donner.

Je le savais. Je le savais puisque je l'ai poussée à me le lire mais je n'y croyais pas. Je racontais le pire pour qu'elle me contredise, proteste, m'assure qu'elle nous aimait mais qu'elle ne savait pas l'avouer, pas le montrer, mais qu'on était des enfants formidables, que j'étais une fille formidable, qu'elle était fière de moi, qu'elle croyait en moi...

Ce soir-là, je lui ai dit au revoir.

J'ai dit au revoir à la maman que j'avais tellement attendue, tellement imaginée, tellement voulue que je la poursuivais pour lui arracher un regard, une attention, un mot d'amour. Un seul mot d'amour d'elle m'aurait donné des ailes, m'aurait fait gagner des milliers d'années, aurait évité des milliers d'erreurs, des milliers de meurtres. Je le savais. Aussi fort que le soleil chauffe la peau, que le feu brûle et que l'eau désaltère. Une question de vie ou de mort. C'était ma peau que je voulais sauver quand je la harcelais pour qu'elle me regarde.

J'ai dit au revoir à toutes les mères, à tous ces regards que je volais pour remplacer le sien...

J'ai effacé ces yeux qui ne m'avaient jamais regardée. J'ai effacé tous ces regards que j'avais quémandés, la rage au ventre, furieuse d'être obligée de chercher ailleurs ce qu'elle me refusait, avec l'envie de les tuer tous puisqu'ils n'étaient pas les siens, pas son regard sur moi. C'était son regard, ses yeux que je voulais. Pas ceux des autres. Le premier regard, celui que la mère pose sur son enfant, et qui lui donne la force de vivre, la force d'aimer, d'aimer les autres et de s'aimer soi-même.

Et tous ces autres qui m'avaient regardée avec amour, je les estourbissais puisqu'ils n'étaient pas elle.

Pas elle. Ma mère que j'aimais plus que tout au monde.

J'ai compris, ce soir-là.

J'ai tout compris. Ma rage assassine, mon envie de tuer les gens qui m'approchaient et qui voulaient m'aimer. Je ne voulais pas qu'ils m'aiment, je voulais que TOI, tu m'aimes. TOI, TOI, TOI, ma mère. Toi qui ne pouvais pas m'aimer, qui en était empêchée.

Ce soir-là, en un éclair, je me suis retrouvée seule, face à moi.

Mes yeux à moi qui se tournaient vers l'intérieur découvraient cette vérité terrible, me disaient : voilà, maintenant tu sais tout, tu as compris. Tu es allée jusqu'au bout de votre histoire, tu as découvert le secret infâme qui libère.

Tu es libre...

 

Libre.

 

texte : Katherine Pancol - J'étais là avant

 

"L’impuissance, c’est le corps et l’esprit qui se traînent à terre, sans énergie, incapables de se relever. On aimerait tant rester toujours debout, dans la lumière, du côté des vivants." 

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