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26 novembre 2010 5 26 /11 /novembre /2010 14:53

Le bonheur a frappé à ma porte. Il est venu à l'heure d'un air débonnaire. Il avait l'air de bonne humeur dans son Hummer. A la bonne heure, je me suis abonné à ce bonheur qui me tenait à coeur. C'est pas tous les jours qu'on vous fait une offre de bonheur à la carte. Et puis je pense que c'était l'heure, qu'elle était arrivée, que c'était la bonne heure pour ça!

L'air de rien, ça fait du bien de se sentir léger, délesté, débarrassé. Pour moi le bonheur, c'est un massage qui n'en finit pas, un plat qui garde son savoureux même si on le goute trente-sept fois. C'est un morceau de musique qui ne s'use pas dans nos oreilles, c'est une blague avec laquelle on va aimer rire à nouveau, c'est un visage qu'on a vu mille fois et qui nous donne toujours envie de le recroiser.

Je ne sais pas pourquoi je vous parle de mon bonheur, c'est pas trop mon truc habituellement. C'est absolument impudique, irrespectueux et dédaigneux à l'encontre de tout ceux qui souffrent (à peu près tout le monde) dans leur marasme fait de Kellogs cornflakes et d'huile de vidange. Je trouve cela même très naze quand je vois certains répandre leurs tartines de bonheur sur leur blog. Alors je me suis dit que j'allais jouer la surenchère. Que je ne mettrais pas de confiture sur mes tartines mais du beurre de cacahuètes. Quelque chose de bien gras, bien répugnant, qui s'étale jusqu'à écoeurement.

Le bonheur des bonnes heures avait touché la bonne soeur. Elle prit son air supérieur, je pris mon air débonnaire.

Le bonheur est une succession de petites joies cumulées, compilées et non calculées. Le bonheur arrive (ou pas) et pis c'est tout. Pas la peine de l'attendre derrière sa fenêtre en caressant son chat qui ronronne (ou son minou qui frissonne). Si le bonheur ne vient pas te caresser, n'essaies surtout pas de le provoquer, ça serait du bonheur factice, en contreplaqué que tu essaierais de fabriquer, du bonheur de contrefaçon, de contrebande, du bonheur qui ne fait pas qu'on bande, du bonheur virtuel qu'est pas réel, du bonheur en carton pâte à la hâte, du bonheur tout pourri avec un tout petit zizi.

Le problème du bonheur, malgré sa définition étymologique, est un truc qui dure jamais trop longtemps. Un peu comme un orgasme foudroyant, un fou rire avec une amie, un bon repas, une nuit de belle ivresse, une randonnée parmi les chamois. Il faut savoir savourer ses instants, prendre le temps, les partager tant qu'on peut. Souvent, on en a pas assez, alors on redemande ses piqûres d'Epicure. Apprendre à se faire plaisir et savourer ses instants peut favoriser leur appréciation, même s'il ne les provoquera pas pour autant.

Le bonheur, c'est l'oubli paraît-il. C'est faire abstraction des mouches et des soucis qui vous entourent et aller de l'avant : avancer, créer, faire des choses. On peut trouver du bonheur à écrire des mots qui nous plaisent, s'esclaffer devant une photo qu'on vient de faire et qui pète, être satisfait de la sauce qu'on vient de faire mijoter avec des restes du frigo, ou simplement voir pousser jour après jour les petites graines qu'on a semé. Le bonheur, c'est la première sensation d'ivresse, celle qui euphorise et enflamme le cerveau, c'est le goût de ses lèvres sucrées-salées dans ma bouche, c'est le partage d'un rire particulièrement contagieux, c'est la surprise dans ses yeux, c'est sa bouche sur ma queue, ce sont ses seins entre mes mains, ce sont ses cris dans la nuit.

Le bonheur est parfois simple et facile, le problème étant de ne pas en abuser pour que ses petits instants de grâce restent en apesanteur et ne retombent pas sur le sol rêche du quotidien. Si le petit instant devient une habitude, il en perd de sa rareté et donc, de sa valeur. Le problème, c'est que l'horloge tourne et qu'il faut se gaver un maximum de bonheurs et de hihihi avant la fin, car à la fin, c'est cuicuicui.

Le bonheur est une garce qui s'enfuit si vite arrivée. Il se faufile comme une anguille, se défile comme une fille. Il faut donc savoir en profiter quand il est là pour ne pas trop le regretter et le maudire quand il sera loin et qu'il te fera un doigt.

Le bonheur sent parfois le rance, l'argent, le saindoux, le poisson pourri ou le graillon, et ben c'est juste que c'est un bonheur qui ne sent pas très bon...

Le bonheur est une pute mais qu'on ne le connait pas, de la vie on s'ampute... (Charles Ingalls)


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