4 mai 2011
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Dans le petit exercice fastidieux, souvent ennuyeux et ô combien prétentieux de l'album hommage posthume à un artiste inimitable (donc logiquement irreprenable), Universal Music mené par son nègre de patron, a pourtant lâché les plus beaux étalons de son écurie pour lyncher quelques monuments de Monsieur Alain B.
Raphael notamment qui, en tant que fan, nous livre une mielleuse version de L'Apiculteur dans laquelle il n'y a rien à butiner, le titre ayant perdu tout son nectar, son âpreté et la sécheresse qui le rendait si singulier. Même constat pour Gaetan Roussel, déjà fourvoyeur de l'oubliable Bleu Pétrole, qui tape dans le même album que Raphaël (Chatterton), nous livrant un J'passe pour une caravane pas sensas qui nous donne envie d'aboyer comme des chiens pris dans la nasse. Keren Ann en profite pour se lacher dark wave sur un Je fume pour oublier que tu bois catastrophique et claustrophobe. Moi je sniffe pour oublier que tu chantes. Miossec en pitoyable Joséphine pour laquelle il n'a rien osé oser : il semble tout simplement paumé au milieu de la piste de cirque. Même Benjamin Biolay s'enfonce dans la semoule pour une petite entreprise sans ambition et passablement neurasthénique. BB Brunes reprend Gaby et ça fait pas envie, l'aurait fallu savoir dire "stop". Vanessa Paradis chante logiquement Angora le souffle coupé, la gorge irritée, comme si elle pouvait s'époumoner sans broncher ou tout simplement faire autrement avec sa voix de crécelle en mue. Dionysos fait dans le grandiloquent pour ce qui est pourtant un des seuls vrais hommages du disque avec la rare 2043, une chanson à ne pourtant pas réveiller qui devient ici une autre. Mathieu Chedid est absolument ridicule dans Madame rêve. Sa voix d'eunuque égyptophile a des effets nauséabonds et castrateurs sur la beauté de la version originelle. M n'a peur de rien avec ses airs d'instituteurs "m'as-tu vu". Sa relecture est détestable, maniérée et mériterait qu'on porte plainte contre lui pour dégradation d'un monument national. Seuls trois artistes tirent leur épingle du jeu sur douze. Stéphan Eicher parsème quelques Volutes à sa convenance. Le Suisse nous livre une version honnête, ennivrante toute en douceur et volupté, ça tombe bien. Noir Désir s'en sort miraculeusement sur Aucun Express, une chanson pourtant panthéonesque reprise ici de manière sèche et authentique. Christophe nous emmène (enfin) loin avec Alcaline, petite perle oubliée de Novice. Il a crié Alcaline pour qu'il revienne. Reviens Alain, ils sont devenus fous. J'ai écouté cet album, et j'ai pleuré, pleuré, oh j'avais trop de peine...
Restons en vie
Même en dents de scie
Restons uniques
Restons en vie
Les doux mots du passé
Tout est si léger
Oublions sur quel air il faut danser
Faisons envie
Jusqu'au dégoût
Pas de pitié
Pas de quartier
Faisons envie
Afin que rien ne meure
Pour que jamais tu ne m'oublies
Avant que l'on ne prenne peur
Restons-en là
[Faisons envie - Bashung, Miossec - 2002]