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29 décembre 2010 3 29 /12 /décembre /2010 11:18

Je ne baisais que des putes, jusqu'à ce que je la rencontre...

Je suis assis dans mon salon, assis face à la nuit, et je contemple la ville qui s'allume. Je bois une vodka tonic, et je pense à Hell.

Je l'ai rencontrée en faisant les boutiques, elle sanglotait devant chez Baby Dior, je n'ai jamais su pourquoi. Elle était habillée tout en noir et d'une beauté d'écorchée vive, pendant deux mois, son regard m'a hanté, mais je n'ai rien fait pour la revoir. Je ne voulais pas provoquer le hasard. On s'est recroisés, un dimanche à minuit, je l'ai emmenée dîner à la Calvados, et elle a chanté une chanson de Ferré à propos des amours mortes en me regardant dans les yeux comme si elle y lisait.

A partir de ce jour, j'étais foutu, j'étais accro. Dépendre de quelqu'un d'autre que de moi-même, m'affaiblir, me torturer, c'était tout ce que je redoutais.

Hell m'avait eu et elle ne l'avait pas fait exprès. Tout ce qu'elle voulait, c'était me fuir, et pour les mêmes raisons : elle avait peur de moi, comme j'avais peur d'elle. Mais c'était déjà trop tard.

Pendant six mois, ça a été parfait, j'étais heureux, je n'ai rien à dire de cette période, des souvenirs dont la simplicité me fait mal à présent. Juste elle et moi. C'est tout. Et puis un soir on est sortis, son démon l'a reprise et, à partir de là, tout a basculé, on s'est mis à traîner dans des endroits glauques qui l'attiraient et la consternaient à la fois, elle en ressortait satisfaite mais blessée à mort. Elle voulait se salir, elle en avait besoin, mais ça la tuait. Elle prenait de plus en plus de saloperies, et je m'y suis mis aussi, pour que ça ne l'éloigne pas de moi et aussi parce que j'en avais besoin pour tenir avec tout ce qu'on buvait et les endroits où on allait. Je craquais doucement, mais je ne l'aurais jamais laissée. Je l'aimais.

Et puis elle est partie.

 

C'est fini. J'ai renoncé. Je ne pouvais plus. Je crois que nous en sommes venus à nous détester. Ne plus avoir de vie. La routine, l'affreuse routine, la certitude de nous réveiller chaque jour côte à côte, errer de conserve, d'ennui... Tenter de tromper cet ennui en nous abrutissant de substances, se défoncer pour qu'il y ait quelque chose entre nous qui ne soit pas notre "amour", s'y raccrocher pour échapper à l'autre, haïr l'autre d'être toujours là, tout en craignant qu'il parte... Partir avant.

C'est fini.

 

texte : Lolita Pill - Hell

 

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