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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 17:12

... est très confortable, visiblement...

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 16:29

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 11:07

Que me veux-tu, chère fleurette,

Aimable et charmant souvenir ?

Demi-morte et demi-coquette,

Jusqu'à moi qui te fait venir ?

 

Sous ce cachet enveloppée,

Tu viens de faire un long chemin.

Qu'as-tu vu ? que t'a dit la main

Qui sur le buisson t'a coupée ?

 

N'es-tu qu'une herbe desséchée

Qui vient achever de mourir ?

Ou ton sein, prêt à refleurir,

Renferme-t-il une pensée ?

 

Ta fleur, hélas ! a la blancheur

De la désolante innocence ;

Mais de la craintive espérance

Ta feuille porte la couleur.

 

As-tu pour moi quelque message ?

Tu peux parler, je suis discret.

Ta verdure est-elle un secret ?

Ton parfum est-il un langage ?

 

S'il en est ainsi, parle bas,

Mystérieuse messagère ;

S'il n'en est rien, ne réponds pas ;

Dors sur mon coeur, fraîche et légère.

 

Je connais trop bien cette main,

Pleine de grâce et de caprice,

Qui d'un brin de fil souple et fin

A noué ton pâle calice.

 

Cette main-là, petite fleur,

Ni Phidias ni Praxitèle

N'en auraient pu trouver la soeur

Qu'en prenant Vénus pour modèle.

 

Elle est blanche, elle est douce et belle,

Franche, dit-on, et plus encor ;

A qui saurait s'emparer d'elle

Elle peut ouvrir un trésor.

 

Mais elle est sage, elle est sévère ;

Quelque mal pourrait m'arriver.

Fleurette, craignons sa colère.

Ne dis rien, laisse-moi rêver.

 

A une fleur - Alfred de MUSSET (1810-1857)

 

 

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 10:51

Les Gymnopédies étaient des festivités religieuses tenues à Sparte, en juillet, en l'honneur d'Apollon, et en hommage aux guerriers morts à la bataille des Champions.

Les Gymnopédies consistent essentiellement en des danses et des exercices accomplis par les jeunes Spartiates. La fête se déroule dans le théâtre qui se trouve à l'est de l'agora. En allusion cette fête, l'agora comprend des statues représentant Apollon Pythien, Artémis et Léto, placées dans un endroit appelé « le chœur », allusion aux équipes de danse. En effet, chaque jour, une équipe de garçons se produit tôt le matin, et une équipe d'hommes l'après-midi. Ces équipes correspondent probablement aux obai, l'une des subdivisions de la société spartiate ; comme celles-ci sont au nombre de cinq, on peut en déduire que la fête dure cinq jours. L'assistance comprend les autres Lacédémoniens, les étrangers et les Hilotes. Les célibataires âgés (de plus de 30 ans) sont en revanche exclus de l'assistance.

Plutarque rapporte qu'à l'annonce de bataille de Leuctres, où les troupes thébaines d'Épaminondas écrasent celles de Sparte, les éphores ordonnent la poursuite des Gymnopédies qui se tiennent à ce moment-là. Or l'on sait que Leuctres a lieu en juillet, ce qui permet de situer la fête dans l'année. L'anecdote démontre également la grande piété de Sparte, qui fait toujours passer ses pratiques religieuses avant toute autre préoccupation. De même, en 417 av. J.-C., le parti démocratique d'Argos attend la célébration des Gymnopédies pour attaquer les oligarques soutenus par Sparte ; malgré les supplications de ces derniers, les Lacédémoniens préfèrent poursuivre leurs festivités.

Les Gymnopédies n'étaient pas que des festivités religieuses. Le Spartiate Mégillos, dans les Lois, les appelle un « redoutable endurcissement (…), de redoutables exercices d'endurance où il faut résister à la violence de la canicule. »

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 10:38

« Bonjour monsieur, je suis votre cancer. Je me suis dit que ça serait peut-être pas mal de faire un petit peu connaissance. »

 

Cynique, la première scène du huis clos de Bertrand Blier donne le ton : celui de la tumeur.

L'histoire du « Bruit des glaçons » se déroule dans une villa méridionale où Charles (Jean Dujardin), écrivain, se morfond depuis le départ de sa femme. Il s'oublie dans l'alcool -une douzaine de bouteilles de blanc par jour- et n'écrit plus une ligne. Jusqu'à l'arrivée soudaine d'Albert Dupontel qui sonne au portail et s'annonce comme le « cancer ». La mort de Charles arrive, doucement mais sûrement. A lui de la tutoyer.

 

De manière théâtrale, les tirades entre Jean Dujardin et Albert Dupontel font allusion à la mort. Le choix des acteurs n'est pas un hasard : sur le tournage, même en se donnant les répliques les plus cinglantes, les deux hommes s'esclaffent. Blier veut retransmettre cette ambiance de tournage et nous émouvoir, du rire aux larmes. L'humour noir de « Buffet froid », le film de Blier sorti en 1979, trouve ici sa place.

 

A 71 ans, le réalisateur français écrit un scénario auquel il pensait depuis « Tenue de soirée » (1986), sans oser s'y projeter. Après cinq ans de silence, il créé un face-à-face entre deux hommes paumés, un peu comme dans « Les Valseuses ». Entre le cancer et l'écrivain, les rôles s'inversent. Pour sortir de leurs déprimes, ils s'épaulent tour à tour.

 

Partenaire du film, la Ligue contre le cancer apprécie le ton utilisé par le réalisateur. Blier déjoue les conventions pour briser la glace d'un thème qui reste tabou.

Alors, Bertrand Blier sait-il toujours manier l'art de l'humour noir ?

 

 

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 10:08

Je t'aime d'être faible et câline en mes bras

Et de chercher le sûr refuge de mes bras

Ainsi qu'un berceau tiède où tu reposeras.

 

Je t'aime d'être rousse et pareille à l'automne,

Frêle image de la Déesse de l'automne

Que le soleil couchant illumine et couronne.

 

Je t'aime d'être lente et de marcher sans bruit

Et de parler très bas et de haïr le bruit,

Comme l'on fait dans la présence de la nuit.

 

Et je t'aime surtout d'être pâle et mourante,

Et de gémir avec des sanglots de mourante,

Dans le cruel plaisir qui s'acharne et tourmente.

 

Je t'aime d'être, ô soeur des reines de jadis,

Exilée au milieu des splendeurs de jadis,

Plus blanche qu'un reflet de lune sur un lys...

 

Je t'aime de ne point t'émouvoir, lorsque blême

Et tremblante je ne puis cacher mon front blême,

Ô toi qui ne sauras jamais combien je t'aime !

 

Je t'aime d'être faible... - Renée VIVIEN (1877-1909)

 

 

 

Je t’aime, - loin de toi ma pensée obstinée,

Et, par l’instinct d’amour à l’amour ramenée,

Revient vers toi, voltige alentour de ton cou,

De tes yeux, de tes seins, comme un papillon fou,

Et, grise de tourner dans ton cercle de femme,

Reste des jours entiers sans rentrer dans mon âme...

 

Je t’aime, et, malgré moi, je m’en vais par les rues

Où flotte un souvenir des choses disparues,

Où je sens, pénétré d’amère volupté,

Qu’encore un peu de toi dans l’air tendre est resté,

Où ton passage embaume encor, où je respire

Je ne sais quoi qui garde encor de ton sourire.

 

Mon coeur est tout pareil à ces matins voilés

D’automne où le soleil des beaux jours en allés,

Vaporeux à travers le ciel mélancolique,

Épanche une langueur de lumière angélique...

 

Ainsi mon coeur. Ah ! Si, comme aux soirs de jadis,

Tu plongeais dans mes yeux tes yeux de paradis,

Va, tu n’y trouverais nul grand air ridicule

Mais de l’amour, mais un amour de crépuscule

Pâle et voilé, couché sur un cher souvenir,

Qu’enivre, tristement, la douceur de mourir.

 

Je t'aime, loin de toi... - Albert SAMAIN (1858-1900)

 

 

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 10:02

Il est nuit. La cabane est pauvre, mais bien close.

Le logis est plein d'ombre et l'on sent quelque chose

Qui rayonne à travers ce crépuscule obscur.

Des filets de pêcheur sont accrochés au mur.

Au fond, dans l'encoignure où quelque humble vaisselle

Aux planches d'un bahut vaguement étincelle,

On distingue un grand lit aux longs rideaux tombants.

Tout près, un matelas s'étend sur de vieux bancs,

Et cinq petits enfants, nid d'âmes, y sommeillent

La haute cheminée où quelques flammes veillent

Rougit le plafond sombre, et, le front sur le lit,

Une femme à genoux prie, et songe, et pâlit.

C'est la mère. Elle est seule. Et dehors, blanc d'écume,

Au ciel, aux vents, aux rocs, à la nuit, à la brume,

Le sinistre océan jette son noir sanglot.

 

II

 

L'homme est en mer. Depuis l'enfance matelot,

Il livre au hasard sombre une rude bataille.

Pluie ou bourrasque, il faut qu'il sorte, il faut qu'il aille,

Car les petits enfants ont faim. Il part le soir

Quand l'eau profonde monte aux marches du musoir.

Il gouverne à lui seul sa barque à quatre voiles.

La femme est au logis, cousant les vieilles toiles,

Remmaillant les filets, préparant l'hameçon,

Surveillant l'âtre où bout la soupe de poisson,

Puis priant Dieu sitôt que les cinq enfants dorment.

Lui, seul, battu des flots qui toujours se reforment,

l s'en va dans l'abîme et s'en va dans la nuit.

Dur labeur ! tout est noir, tout est froid ; rien ne luit.

Dans les brisants, parmi les lames en démence,

L'endroit bon à la pêche, et, sur la mer immense,

Le lieu mobile, obscur, capricieux, changeant,

Où se plaît le poisson aux nageoires d'argent,

Ce n'est qu'un point ; c'est grand deux fois comme la chambre.

Or, la nuit, dans l'ondée et la brume, en décembre,

Pour rencontrer ce point sur le désert mouvant,

Comme il faut calculer la marée et le vent !

Comme il faut combiner sûrement les manoeuvres !

Les flots le long du bord glissent, vertes couleuvres ;

Le gouffre roule et tord ses plis démesurés,

Et fait râler d'horreur les agrès effarés.

Lui, songe à sa Jeannie au sein des mers glacées,

Et Jeannie en pleurant l'appelle ; et leurs pensées

Se croisent dans la nuit, divins oiseaux du coeur.

 

III

 

Elle prie, et la mauve au cri rauque et moqueur

L'importune, et, parmi les écueils en décombres,

L'océan l'épouvante, et toutes sortes d'ombres

Passent dans son esprit : la mer, les matelots

Emportés à travers la colère des flots ;

Et dans sa gaine, ainsi que le sang dans l'artère,

La froide horloge bat, jetant dans le mystère,

Goutte à goutte, le temps, saisons, printemps, hivers ;

Et chaque battement, dans l'énorme univers,

Ouvre aux âmes, essaims d'autours et de colombes,

D'un côté les berceaux et de l'autre les tombes.

 

Elle songe, elle rêve. - Et tant de pauvreté !

Ses petits vont pieds nus l'hiver comme l'été.

Pas de pain de froment. On mange du pain d'orge.

- Ô Dieu ! le vent rugit comme un soufflet de forge,

La côte fait le bruit d'une enclume, on croit voir

Les constellations fuir dans l'ouragan noir

Comme les tourbillons d'étincelles de l'âtre.

C'est l'heure où, gai danseur, minuit rit et folâtre

Sous le loup de satin qu'illuminent ses yeux,

Et c'est l'heure où minuit, brigand mystérieux,

Voilé d'ombre et de pluie et le front dans la bise,

Prend un pauvre marin frissonnant, et le brise

Aux rochers monstrueux apparus brusquement.

Horreur ! l'homme, dont l'onde éteint le hurlement,

Sent fondre et s'enfoncer le bâtiment qui plonge ;

Il sent s'ouvrir sous lui l'ombre et l'abîme, et songe

Au vieil anneau de fer du quai plein de soleil !

 

Ces mornes visions troublent son coeur, pareil

A la nuit. Elle tremble et pleure.

 

IV

Ô pauvres femmes

De pêcheurs ! c'est affreux de se dire : - Mes âmes,

Père, amant, frère, fils, tout ce que j'ai de cher,

C'est là, dans ce chaos ! mon coeur, mon sang, ma chair ! -

Ciel ! être en proie aux flots, c'est être en proie aux bêtes.

Oh ! songer que l'eau joue avec toutes ces têtes,

Depuis le mousse enfant jusqu'au mari patron,

Et que le vent hagard, soufflant dans son clairon,

Dénoue au-dessus d'eux sa longue et folle tresse,

Et que peut-être ils sont à cette heure en détresse,

Et qu'on ne sait jamais au juste ce qu'ils font,

Et que, pour tenir tête à cette mer sans fond,

A tous ces gouffres d'ombre où ne luit nulle étoile,

Es n'ont qu'un bout de planche avec un bout de toile !

Souci lugubre ! on court à travers les galets,

Le flot monte, on lui parle, on crie : Oh ! rends-nous-les !

Mais, hélas ! que veut-on que dise à la pensée

Toujours sombre, la mer toujours bouleversée !

 

Jeannie est bien plus triste encor. Son homme est seul !

Seul dans cette âpre nuit ! seul sous ce noir linceul !

Pas d'aide. Ses enfants sont trop petits. - Ô mère !

Tu dis : "S'ils étaient grands ! - leur père est seul !" Chimère !

Plus tard, quand ils seront près du père et partis,

Tu diras en pleurant : "Oh! s'ils étaient petits !"

 

V

 

Elle prend sa lanterne et sa cape. - C'est l'heure

D'aller voir s'il revient, si la mer est meilleure,

S'il fait jour, si la flamme est au mât du signal.

Allons ! - Et la voilà qui part. L'air matinal

Ne souffle pas encor. Rien. Pas de ligne blanche

Dans l'espace où le flot des ténèbres s'épanche.

Il pleut. Rien n'est plus noir que la pluie au matin ;

On dirait que le jour tremble et doute, incertain,

Et qu'ainsi que l'enfant, l'aube pleure de naître.

Elle va. L'on ne voit luire aucune fenêtre.

 

Tout à coup, a ses yeux qui cherchent le chemin,

Avec je ne sais quoi de lugubre et d'humain

Une sombre masure apparaît, décrépite ;

Ni lumière, ni feu ; la porte au vent palpite ;

Sur les murs vermoulus branle un toit hasardeux ;

La bise sur ce toit tord des chaumes hideux,

Jaunes, sales, pareils aux grosses eaux d'un fleuve.

 

"Tiens ! je ne pensais plus à cette pauvre veuve,

Dit-elle ; mon mari, l'autre jour, la trouva

Malade et seule ; il faut voit comment elle va."

 

Elle frappe à la porte, elle écoute ; personne

Ne répond. Et Jeannie au vent de mer frissonne.

"Malade ! Et ses enfants ! comme c'est mal nourri !

Elle n'en a que deux, mais elle est sans mari."

Puis, elle frappe encore. "Hé ! voisine !" Elle appelle.

Et la maison se tait toujours. "Ah ! Dieu ! dit-elle,

Comme elle dort, qu'il faut l'appeler si longtemps!"

La porte, cette fois, comme si, par instants,

Les objets étaient pris d'une pitié suprême,

Morne, tourna dans l'ombre et s'ouvrit d'elle-même.

 

VI

 

Elle entra. Sa lanterne éclaira le dedans

Du noir logis muet au bord des flots grondants.

L'eau tombait du plafond comme des trous d'un crible.

 

Au fond était couchée une forme terrible ;

Une femme immobile et renversée, ayant

Les pieds nus, le regard obscur, l'air effrayant ;

Un cadavre ; - autrefois, mère joyeuse et forte ; -

Le spectre échevelé de la misère morte ;

Ce qui reste du pauvre après un long combat.

Elle laissait, parmi la paille du grabat,

Son bras livide et froid et sa main déjà verte

Pendre, et l'horreur sortait de cette bouche ouverte

D'où l'âme en s'enfuyant, sinistre, avait jeté

Ce grand cri de la mort qu'entend l'éternité !

 

Près du lit où gisait la mère de famille,

Deux tout petits enfants, le garçon et la fille,

Dans le même berceau souriaient endormis.

 

La mère, se sentant mourir, leur avait mis

Sa mante sur les pieds et sur le corps sa robe,

Afin que, dans cette ombre où la mort nous dérobe,

Ils ne sentissent pas la tiédeur qui décroît,

Et pour qu'ils eussent chaud pendant qu'elle aurait froid.

 

VII

 

Comme ils dorment tous deux dans le berceau qui tremble !

Leur haleine est paisible et leur front calme. Il semble

Que rien n'éveillerait ces orphelins dormant,

Pas même le clairon du dernier jugement ;

Car, étant innocents, ils n'ont pas peur du juge.

 

Et la pluie au dehors gronde comme un déluge.

Du vieux toit crevassé, d'où la rafale sort,

Une goutte parfois tombe sur ce front mort,

Glisse sur cette joue et devient une larme.

La vague sonne ainsi qu'une cloche d'alarme.

La morte écoute l'ombre avec stupidité.

Car le corps, quand l'esprit radieux l'a quitté,

A l'air de chercher l'âme et de rappeler l'ange ;

Il semble qu'on entend ce dialogue étrange

Entre la bouche pâle et l'oeil triste et hagard :

- Qu'as-tu fait de ton souffle ? - Et toi, de ton regard ?

 

Hélas! aimez, vivez, cueillez les primevères,

Dansez, riez, brûlez vos coeurs, videz vos verres.

Comme au sombre océan arrive tout ruisseau,

Le sort donne pour but au festin, au berceau,

Aux mères adorant l'enfance épanouie,

Aux baisers de la chair dont l'âme est éblouie,

Aux chansons, au sourire, à l'amour frais et beau,

Le refroidissement lugubre du tombeau !

 

VIII

 

Qu'est-ce donc que Jeannie a fait chez cette morte ?

Sous sa cape aux longs plis qu'est-ce donc qu'elle emporte ?

Qu'est-ce donc que Jeannie emporte en s'en allant ?

Pourquoi son coeur bat-il ? Pourquoi son pas tremblant

Se hâte-t-il ainsi ? D'où vient qu'en la ruelle

Elle court, sans oser regarder derrière elle ?

Qu'est-ce donc qu'elle cache avec un air troublé

Dans l'ombre, sur son lit ? Qu'a-t-elle donc volé ?

 

IX

 

Quand elle fut rentrée au logis, la falaise

Blanchissait; près du lit elle prit une chaise

Et s'assit toute pâle ; on eût dit qu'elle avait

Un remords, et son front tomba sur le chevet,

Et, par instants, à mots entrecoupés, sa bouche

Parlait pendant qu'au loin grondait la mer farouche.

 

"Mon pauvre homme ! ah ! mon Dieu ! que va-t-il dire ? Il a

Déjà tant de souci ! Qu'est-ce que j'ai fait là ?

Cinq enfants sur les bras ! ce père qui travaille !

Il n'avait pas assez de peine ; il faut que j'aille

Lui donner celle-là de plus. - C'est lui ? - Non. Rien.

- J'ai mal fait. - S'il me bat, je dirai : Tu fais bien.

- Est-ce lui ? - Non. - Tant mieux. - La porte bouge comme

Si l'on entrait. - Mais non. - Voilà-t-il pas, pauvre homme,

Que j'ai peur de le voir rentrer, moi, maintenant !"

Puis elle demeura pensive et frissonnant,

S'enfonçant par degrés dans son angoisse intime,

Perdue en son souci comme dans un abîme,

N'entendant même plus les bruits extérieurs,

Les cormorans qui vont comme de noirs crieurs,

Et l'onde et la marée et le vent en colère.

 

La porte tout à coup s'ouvrit, bruyante et claire,

Et fit dans la cabane entrer un rayon blanc ;

Et le pêcheur, traînant son filet ruisselant,

Joyeux, parut au seuil, et dit : C'est la marine !

 

X

 

"C'est toi !" cria Jeannie, et, contre sa poitrine,

Elle prit son mari comme on prend un amant,

Et lui baisa sa veste avec emportement

Tandis que le marin disait : "Me voici, femme !"

Et montrait sur son front qu'éclairait l'âtre en flamme

Son coeur bon et content que Jeannie éclairait,

"Je suis volé, dit-il ; la mer c'est la forêt.

- Quel temps a-t-il fait ? - Dur. - Et la pêche ? - Mauvaise.

Mais, vois-tu, je t 1 embrasse, et me voilà bien aise.

Je n'ai rien pris du tout. J'ai troué mon filet.

Le diable était caché dans le vent qui soufflait.

Quelle nuit ! Un moment, dans tout ce tintamarre,

J'ai cru que le bateau se couchait, et l'amarre

A cassé. Qu'as-tu fait, toi, pendant ce temps-là ?"

Jeannie eut un frisson dans l'ombre et se troubla.

"Moi ? dit-elle. Ah ! mon Dieu ! rien, comme à l'ordinaire,

J'ai cousu. J'écoutais la mer comme un tonnerre,

J'avais peur. - Oui, l'hiver est dur, mais c'est égal."

Alors, tremblante ainsi que ceux qui font le mal,

Elle dit : "A propos, notre voisine est morte.

C'est hier qu'elle a dû mourir, enfin, n'importe,

Dans la soirée, après que vous fûtes partis.

Elle laisse ses deux enfants, qui sont petits.

L'un s'appelle Guillaume et l'autre Madeleine ;

L'un qui ne marche pas, l'autre qui parle à peine.

La pauvre bonne femme était dans le besoin."

 

L'homme prit un air grave, et, jetant dans un coin

Son bonnet de forçat mouillé par la tempête :

"Diable ! diable ! dit-il, en se grattant la tête,

Nous avions cinq enfants, cela va faire sept.

Déjà, dans la saison mauvaise, on se passait

De souper quelquefois. Comment allons-nous faire ?

Bah ! tant pis ! ce n'est pas ma faute, C'est l'affaire

Du bon Dieu. Ce sont là des accidents profonds.

Pourquoi donc a-t-il pris leur mère à ces chiffons ?

C'est gros comme le poing. Ces choses-là sont rudes.

Il faut pour les comprendre avoir fait ses études.

Si petits ! on ne peut leur dire : Travaillez.

Femme, va les chercher. S'ils se sont réveillés,

Ils doivent avoir peur tout seuls avec la morte.

C'est la mère, vois-tu, qui frappe à notre porte ;

Ouvrons aux deux enfants. Nous les mêlerons tous,

Cela nous grimpera le soir sur les genoux.

Ils vivront, ils seront frère et soeur des cinq autres.

Quand il verra qu'il faut nourrir avec les nôtres

Cette petite fille et ce petit garçon,

Le bon Dieu nous fera prendre plus de poisson.

Moi, je boirai de l'eau, je ferai double tâche,

C'est dit. Va les chercher. Mais qu'as-tu ? Ça te fâche ?

D'ordinaire, tu cours plus vite que cela.

 

- Tiens, dit-elle en ouvrant les rideaux, lès voilà!"

 

Les pauvres gens - Victor HUGO (1802-1885)

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28 janvier 2011 5 28 /01 /janvier /2011 09:55
Quand Jacko fait dans le politique...
Quand maître Jacques nous donne une leçon d'acid-jazz atypique...
Quand Brel se fait acide et profondément cynique...
Quand l'arbre de la musique cache la forêt de paroles...
Quand une prophétie de 1977 est toujours d'actualité en 2010...
Messieurs les Flamingants, je vous emmerde...

 

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27 janvier 2011 4 27 /01 /janvier /2011 17:44

Un immense désespoir

Noir

M'atteint

Désormais, je ne pourrais

M'égayer au rose et frais

Matin.

 

Et je tombe dans un trou

Fou,

Pourquoi

Tout ce que j'ai fait d'efforts

Dans l'Idéal m'a mis hors

La Loi ?

 

Satan, lorsque tu tombas

Bas,

Au moins

Tu payais tes voeux cruels,

Ton crime avait d'immortels

Témoins.

 

Moi, je n'ai jamais troublé,

Blé,

L'espoir

Que tu donnes aux semeurs

Cependant, puni, je meurs

Ce soir.

 

J'ai fait à quelque animal

Mal

Avec

Une badine en chemin,

Il se vengera demain

Du bec.

 

Il me crèvera les yeux

Mieux

Que vous

Avec l'épingle à chapeau

Femmes, au contact de peau

Si doux.

 

Un immense désespoir - Charles CROS (1842-1888)

 

 

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27 janvier 2011 4 27 /01 /janvier /2011 17:36

Le coeur tremblant, la joue en feu,

J'emporte dans mes cheveux

Tes lèvres encore tièdes.

Tes baisers restent suspendus

Sur mon front et mes bras nus

Comme des papillons humides.

Je garde aussi ton bras d'amant,

Autoritaire enlacement,

Comme une ceinture à ma taille.

 

Le coeur tremblant, la joue en feu - Cécile SAUVAGE (1883-1927)

 

 

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