Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 09:07

Las de l'amer repos où ma paresse offense

Une gloire pour qui jadis j'ai fui l'enfance

Adorable des bois de roses sous l'azur

Naturel, et plus las sept fois du pacte dur

De creuser par veillée une fosse nouvelle

Dans le terrain avare et froid de ma cervelle,

Fossoyeur sans pitié pour la stérilité,

- Que dire à cette Aurore, ô Rêves, visité

Par les roses, quand, peur de ses roses livides,

Le vaste cimetière unira les trous vides ? -

Je veux délaisser l'Art vorace d'un pays

Cruel, et, souriant aux reproches vieillis

Que me font mes amis, le passé, le génie,

Et ma lampe qui sait pourtant mon agonie,

Imiter le Chinois au coeur limpide et fin

De qui l'extase pure est de peindre la fin

Sur ses tasses de neige à la lune ravie

D'une bizarre fleur qui parfume sa vie

Transparente, la fleur qu'il a sentie, enfant,

Au filigrane bleu de l'âme se greffant.

Et, la mort telle avec le seul rêve du sage,

Serein, je vais choisir un jeune paysage

Que je peindrais encor sur les tasses, distrait.

Une ligne d'azur mince et pâle serait

Un lac, parmi le ciel de porcelaine nue,

Un clair croissant perdu par une blanche nue

Trempe sa corne calme en la glace des eaux,

Non loin de trois grands cils d'émeraude, roseaux.

 

Las de l'amer... - Stéphane MALLARME (1842-1898)

 

 

Partager cet article
Repost0
2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 08:54

... Et l'astre qui tombait de nuage en nuage,

Suspendait sur les flots son orbe sans rayon,

Puis plongeait la moitié de sa sanglante image,

Comme un navire en feu qui sombre à l'horizon ;

 

Et la moitié du ciel pâlissait, et la brise

Défaillait dans la voile, immobile et sans voix,

Et les ombres couraient, et sous leur teinte grise

Tout sur le ciel et l'eau s'effaçait à la fois ;

 

Et dans mon âme aussi pâlissant à mesure,

Tous les bruits d'ici-bas tombaient avec le jour,

Et quelque chose en moi, comme dans la nature,

Pleurait, priait, souffrait, bénissait tour à tour ! ...

 

Ô lumière ! où vas-tu ? Globe épuisé de flamme,

Nuages, aquilons, vagues, où courez-vous ?

Poussière, écume, nuit ; vous, mes yeux ; toi, mon âme,

Dites, si vous savez, où donc allons-nous tous ?

 

À toi, grand Tout, dont l'astre est la pâle étincelle,

En qui la nuit, le jour, l'esprit vont aboutir !

Flux et reflux divin de vie universelle,

Vaste océan de l'Etre où tout va s'engloutir !

 

L'Occident - Alphonse de LAMARTINE (1790-1869)

 

 

Partager cet article
Repost0
2 mars 2011 3 02 /03 /mars /2011 08:51

Histoire de Melody Nelson est le premier concept-album de Serge Gainsbourg sorti en mars 1971, écrit en collaboration avec le compositeur et arrangeur Jean-Claude Vannier.

 

L'Histoire de Melody Nelson est un pan à part de l'œuvre de Gainsbourg, pouvant se rapprocher musicalement de L'Homme à tête de chou, son second album concept, paru cinq années plus tard. Rendant hommage à la littérature et aux ouvrages de Vladimir Nabokov, Gainsbourg construit cet album autour d'un récit, et d'une femme, sa muse, Jane Birkin, qui prête succinctement son image et sa voix au personnage éponyme, ne donnant que son « nom », et n'émettant que quelques sons équivoques dans Melody, En Melody et Ballade de Melody Nelson.

 

L’histoire, semi-autobiographique, raconte la collision entre Serge Gainsbourg entre deux âges heurtant involontairement de sa Rolls Royce Silver Ghost 1910 26 chevaux la nymphette adolescente Melody Nelson (Melody). La séduction et une romance s'ensuivent (L'hôtel particulier), puis, dans un parti subjectif et émotionnel, l'auteur dévoile les sentiments et les doutes du narrateur (notamment dans Ah Melody et Valse de Melody) jusqu'à la perte de la jeune fille, dont l'avion de retour s'écrase (Cargo Culte, référence au culte du cargo).

 

Gainsbourg abandonne globalement le chant pour une narration où son ton et l'orchestration millimétrée transcendent les textes pour y plonger l'auditeur. Les harmonies ne sont pas sans rappeler Bonnie & Clyde que Gainsbourg a composé en une nuit pour une autre de ses muses, Brigitte Bardot. La basse et la batterie, notamment sur En Melody, sont résolument funk.

 

Les thèmes s'enchevêtrent et se répondent, les saillies mélodiques (notamment les chœurs et les violons) sont saupoudrées au fil de l'album (discrets motifs de Melody que l'on retrouve dans L'hôtel particulier...). L'opus peut d'ailleurs s'écouter en boucle parfaite. Ces thèmes créent une unité de corps, et à la fois un enchaînement de surprises.

 

Une vidéo mettant en image l'album complet a été réalisé en 1971 par Jean-Christophe Averty. Entre long clip et film musical, on y voit Serge Gainsbourg et Jane Birkin jouant les scènes de l'album, évoluant soit sur des décors de studio, soit sur des peintures ou d'autres graphismes de style psychédélique.

 

Boudé par le public à sa sortie, Melody Nelson est reconnu aujourd'hui comme un album important et influent pour d'autres musiciens. Son influence dépasse aussi largement le cadre national, avec outre le groupe français Air, David Holmes, Placebo, Lenny Kravitz, Jarvis Cocker du groupe Pulp, Portishead et Beck, qui dans son album de 2002 « Sea Change » signe un titre, « Paper Tiger » comportant des parties instrumentales du morceau Melody.

 

Serge Gainsbourg nous a quitté le 2 mars 1991, il y a tout juste 20 ans...

 

 

Partager cet article
Repost0
1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 14:30

Jane Russell est décédée hier à l'âge de 89 ans. Petit hommage en images à sa gracieuse jeunesse...

 

 

 

 

 

 

 

Partager cet article
Repost0
1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 09:55

Mon ange je t'ai haï

je t'ai laissé aimer d'autres que moi

Un peu plus loin qu'ici

Mon ange je t'ai trahi

tant de nuits alité

que mon coeur a cessé

de me donner la vie

si loin de moi...

 

des armées insolites,

et des ombres équivoques,

des fils dont on se moque,

et des femmes que l'on quitte

des tristesses surannées

des malheurs qu'on oublie

des ongles un peu noircis

 

mon ange je t'ai puni

à tant me sacrifier

icône idolâtrée

immondices à la nuit

mon ange je t'ai haï

je t'ai laissé tuer

nos jeunesses ébauchées

le reste de nos vies

si loin de moi...

 

mes armées insolites

et des ombres équivoques

des fils dont on se moque,

et des femmes que l'on quitte

des tristesses surannées

des malheurs qu'on oublie

des ongles un peu noircis

mon ange je t'ai Haï

 

IMG0059A

 

IMG0061A

 

Partager cet article
Repost0
1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 09:21

À table, l'autre jour, un réseau de guipure,

Comme un filet d'argent sur un marbre jeté,

De votre sein, voilant à demi la beauté,

Montrait, sous sa blancheur, une blancheur plus pure.

 

Vous trôniez parmi nous, radieuse figure,

Et le baiser du soir, d'un faible azur teinté,

Comme au contour d'un fruit la fleur du velouté,

Glissait sur votre épaule en mince découpure.

 

Mais la lampe allumée et se mêlant au jeu,

Posait un baiser rose auprès du baiser bleu :

Tel brille au clair de lune un feu dans de l'albâtre.

 

À ce charmant tableau, je me disais, rêveur,

Jaloux du reflet rose et du reflet bleuâtre :

" Ô trop heureux reflets, s'ils savaient leur bonheur ! "

 

Baiser rose, baiser bleu - Théophile GAUTIER (1811-1872)

 

 

Partager cet article
Repost0
1 mars 2011 2 01 /03 /mars /2011 08:51
C'est un mardi bleu et pis c'est tout...
Un mardi enduit de blues
Un mardi de mars sans aubaine
Un mardi sans histoire qui n'y entrera pas
Le lendemain d'un lundi où Annie est partie
Sans avoir emporter ses sucettes à l'anis
Une Saint Aubin qui ne sert à rien
Un mardi de retour dans le labour
Un mardi où l'on n'a pas ri
Un mardi bleu et pis c'est tout...

 

Partager cet article
Repost0
28 février 2011 1 28 /02 /février /2011 19:04
Partager cet article
Repost0
22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 17:45

« On m'a toujours considérée comme une personne joyeuse et rigolote. Progressivement, il m'a retiré ce que j'étais, ma personnalité. »

 

Mathilde Meyer – le nom a été changé – a vécu douze ans avec ce que les psychologues appellent un « manipulateur destructeur ». Un profil que la loi – du 9 juillet 2010 – reconnaît désormais, en creux. (Voir « La Voix », spot de sensibilisation réalisé par Jacques Audiard et diffusé à la télévision en juin 2009)

 

 

Mathilde explique que les reproches, les insultes et les humiliations incessantes de son mari l'ont abîmée au point d'aller porter plainte pour violence psychologique, un délit passible de trois à cinq ans de prison depuis le 1er octobre 2010. 

 

« Mon calvaire était insidieux. Il m'a fait quitter mon emploi car j'étais une mauvaise mère. Je ne pouvais plus voir mes amies, “ toutes des putes ”. Si j'avais le malheur de sortir, il laissait la clef dans la serrure pour que je le supplie de rentrer. »

 

Au départ, elle se tait, le pensant « hyper amoureux ». Puis, elle se dit qu'il a raison :

« J'étais persuadée de ne pas être à la hauteur. Je me suis donc pliée à ses ordres, pour ne pas créer de tension. »

 

Fin 2010, elle se décide pourtant à porter plainte pour « sauver ses enfants ». C'est un électrochoc. « J'ai réalisé que ma vie n'était pas normale », s'étonne-t-elle encore.

En janvier, la jeune femme de 34 ans se voit délivrer sept jours d'incapacité totale de travail (ITT) par un médecin. Ce certificat est la première preuve que son conjoint est la cause d'un traumatisme grave, il appuie sa plainte et la crédibilise.

Il fait surtout planer la menace d'une peine allant jusqu'à cinq ans d'emprisonnement et de 45 000 à 75 000 euros d'amende, tarif jusque-là réservé aux violences physiques.

Pourtant, avant cette reconnaissance médicale, Mathilde Meyer s'est heurtée au scepticisme des autorités. Et elle n'est pas la seule.

 

Au commissariat : « Pourquoi restez-vous avec votre mari ? »

 

Première étape, premiers écueils. Qu'il s'agisse d'avocats, de membres d'associations, de psychiatres ou des victimes elles-mêmes, tous relatent des dépôts de plaintes pénibles, voire impossibles dans les commissariats. Cette forme de violence, méconnue, passe souvent pour de simples querelles conjugales.

Lorsque Sylvianne Cartet – le nom a été changé –, en couple avec un manipulateur depuis plus de trente ans, se décide à porter plainte, on lui rétorque :

« On ne saisit pas votre problème, pourquoi restez-vous avec votre mari ? »

 

Dans un commissariat parisien, une fonctionnaire spécialisée dans la protection des familles confirme la méconnaissance de beaucoup de ses collègues :

« Ils se disent que ça ne les regarde pas ou ne mesurent pas la gravité des insultes. Souvent les victimes arrivent et ne disent pas tout, leurs explications se perdent dans un flot de larmes. Il faut bien comprendre que derrière un “ il m'a traité de ‘salope’ ” peuvent se cacher des années de violences psychologiques.

On doit prendre le temps de le détecter et renvoyer la victime vers les bons services. »

 

Mais, pour que cela fonctionne, « le commissariat doit croire au délit ».

 

Les policiers ont « besoin de formation »

 

Côté syndicats de police, les avis sont partagés. Jean-Marc Bailleul, secrétaire adjoint du Syndicat national des officiers de police (Snop), avoue que les agents peuvent manquer de discernement lorsqu'ils recueillent une plainte. Il insiste sur le « besoin de formation » pour appréhender ce nouveau délit.

Une formation prévue par la proposition de loi relative aux violences conjugales a été rejetée au titre de son « irrecevabilité financière » – selon l'article 40 de la Constitution, les propositions émanant des membres du Parlement ne peuvent aggraver la dépense publique.

Pour le syndicat Alliance, pas besoin de formation. Francis Loiseau, responsable de la police judiciaire à Paris et membre d'Alliance, estime que les policiers connaissent déjà parfaitement les atteintes à la personne. Si des problèmes se posent, c'est peut-être à cause de la première impression, celle laissée par le « fonctionnaire posté à l'accueil, non formé », donc moins compréhensif.

Difficile à entendre pour Sylvianne Cartet.

« Je suis tombée sur une femme qui n'en avait rien à faire. L'enquête a été bâclée : mon mari leur a simplement dit que je mentais, que j'étais une manipulatrice vénale, pour qu'ils stoppent la procédure. Je me battais à la fois contre mon mari et contre un système aveugle. »

 

Une infraction « indémontrable » ?

 

Deuxième étape, deuxième obstacle potentiel. Le dossier constitué après enquête policière est transmis au procureur de la République. Or, la violence psychologique, vécue dans le huis-clos familial, laisse peu de preuves évidentes. Certains procureurs affichent leur scepticisme et parlent d'infractions « indémontrables ».

« Le rôle des magistrats du pénal n'est pas de faire de la psychothérapie », s'offusque l'un deux, préférant garder l'anonymat. Il peste contre un délit créé « par pure communication politique », qui ne répondrait pas à « une vraie demande ». Cet été déjà, le président de l'Union syndicale de la magistrature (USM), Christophe Régnard, qualifiait le délit de « démagogique ».

Quatre mois après sa création, il est trop tôt pour connaître le nombre de classements sans suite, mais l'exaspération d'une partie de la magistrature est loin de rassurer les victimes.

Certains magistrats pensent qu'« on les embête avec ce délit »

 

La réticence des procureurs inquiète également la députée Danielle Bousquet (PS), présidente de la Commission chargée d'examiner la proposition de loi :

« Le choix de poursuivre ou non va dépendre de la sensibilité des parquets. Certains pensent que l'on judiciarise tout et on les embête avec ce nouveau délit. Pour eux comme pour les policiers, une formation est nécessaire afin de déceler cette violence. »

 

Clairement, les différences de « sensibilité » se font déjà sentir. A Angers, la procureure Brigitte Angibaud est persuadée que le nombre de plaintes va rapidement exploser et veut être « en capacité d'y répondre ». Elle travaille donc avec l'institut médico-légal de la ville, qui a l'habitude de recevoir les victimes d'agressions et de fixer des jours d'ITT.

A terme, des psychologues seront présents pour répondre immédiatement aux demandes des victimes de harcèlement conjugal. Sans cela, dit-elle, « on ne crée pas les conditions pour la reconnaissance du délit ».

 

« Le bourreau semble être le meilleur parent »

Les doutes des procureurs sont compréhensibles. Les cas de violences psychologiques sont particulièrement difficiles à trancher car le conjoint manipulateur tente toujours d'inverser la situation en se faisant passer pour la victime.

Cela a été le cas pour Vincent Marcot – le nom a été changé –, un des rares hommes à avoir porté plainte contre une femme violente. Une fois passée l'incrédulité de ses interlocuteurs, il a obtenu dix jours d'ITT pour « retentissement psychologique ». Une reconnaissance qui devrait jouer en sa faveur lors de sa procédure de divorce, pour obtenir la garde de sa fille.

En attendant, son ex-femme ne cesse de porter plainte pour violence physique et a déjà saisi quatre fois le juge aux affaires familiales pour lui retirer son autorité parentale :

« Lorsqu'elle est devant le juge, elle est d'un calme effrayant. Moi, je suis complètement aux abois, je m'exprime moins bien, j'ai les yeux rouges, je passe pour un dépressif… Pas étonnant que le bourreau semble être le meilleur parent ! »

 

Alors que tous les signes extérieurs auraient dû jouer en sa défaveur, Vincent Marcot a pu rassembler des éléments dans un dossier qu'il pense solide. Grâce aux témoignages recueillis, il va tenter de prouver les menaces, le chantage à enfant, la pression financière et le harcèlement.

 

 

 

Partager cet article
Repost0
22 février 2011 2 22 /02 /février /2011 16:07

Le visage de ceux qu'on n'aime pas encor

Apparaît quelquefois aux fenêtres des rêves,

Et va s'illuminant sur de pâles décors

Dans un argentement de lune qui se lève.

 

Il flotte du divin aux grâces de leur corps,

Leur regard est intense et leur bouche attentive ;

Il semble qu'ils aient vu les jardins de la mort

Et que plus rien en eux de réel ne survive.

 

La furtive douceur de leur avènement

Enjôle nos désirs à leurs vouloirs propices,

Nous pressentons en eux d'impérieux amants

Venus pour nous afin que le sort s'accomplisse ;

 

Ils ont des gestes lents, doux et silencieux,

Notre vie uniment vers leur attente afflue :

Il semble que les corps s'unissent par les yeux

Et que les âmes sont des pages qu'on a lues.

 

Le mystère s'exalte aux sourdines des voix,

A l'énigme des yeux, au trouble du sourire,

A la grande pitié qui nous vient quelquefois

De leur regard, qui s'imprécise et se retire...

 

Ce sont des frôlements dont on ne peut guérir,

Où l'on se sent le coeur trop las pour se défendre,

Où l'âme est triste ainsi qu'au moment de mourir ;

Ce sont des unions lamentables et tendres...

 

Et ceux-là resteront, quand le rêve aura fui,

Mystérieusement les élus du mensonge,

Ceux à qui nous aurons, dans le secret des nuits,

Offert nos lèvres d'ombre, ouvert nos bras de songe.

 

Les rêves - Anna de NOAILLES (1876-1933)

 

 

Partager cet article
Repost0

Présentation

  • : Sans blog !?!
  • : Une quintessence de futilité ambiante avec des reminiscences variables de secousses telluriques, atmosphériques, éthyliques...
  • Contact

Recherche

Liens