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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 08:03

De fureur, de souci, mon âme tourmentée

Sous votre cruauté, désire contre un fer,

Caché dedans mon coeur, trébucher en l'enfer,

Pour s'aller rafraîchir en l'onde Achérontée :

 

Mais lors que de tel soin je la sens agitée,

Voulant dedans mon sang teindre un mortel acier,

Vos yeux tiennent ma main, et me font désirer

La vie que j'en ai heureusement sucée.

 

Et vous qui connaissez qu'avec toute puissance

Vous maîtrisez mon coeur, et cette belle essence,

Dont l'heureuse chaleur me fait vivre ici-bas,

 

Vous vous jouez de moi et d'une bonne grâce,

Cruelle, vous voulez ores que je trépasse,

Et puis changeant de front vous ne le voulez pas.

 

De fureur, de souci, mon âme tourmentée - Béroalde de VERVILLE (1556-1626)

 

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 09:38

Miss catastrophe

Elle est là, elle t'attend, tu rentreras

Chez toi les pieds devant

Elle te piste, elle te sort, elle te twiste à mort

Elle te changera de bord

Elle t'attend gare du Nord

Tu la voyais sirène, elle devient lamantin

Tu la croyais diadème, elle est collier de chien

Tu la voyais sirène, au début dans le bain

Puis la voilà murène, passés les coups de reins

Elle sanglote, elle se frotte

Et puis après, elle fait la morte

Elle agite ses breloques et de gîtes en remorques

Te creuse, te saigne, te garantit que tout baigne

Que tu es beau quand même, que tu es comme elle aime

Comment veux-tu qu'on s'aime ?

Que toi, tu vaux la peine

Elle joue la reine des pommes mais c'est la reine des teignes

Si tu lui dis "T'es bonne", elle te cogne une beigne

C'est pas la foire du trône, le lot n'est pas un peigne

 

Elle est là, tu la sens et tu sens que tu l'as dans le sang

 

Miss catastrophe

Elle est là, dans le vent, dans le sable de jardin d'enfants

Et ça tangue comme une barque

Elle te manque, elle te marque

Même ses trempes, ses tartes, même son manque de tact

Le monde est une éclipse et la ville un soupir

Tes nuits sont pleines de vices et tu voles à la tire

Le monde est une impasse sans la vue sur la mer

Cette vie au goût fadasse, tu la foutrais par terre

Des gens il y en a pléthore, mais des Miss Matamore

Ça court pas les palaces, ni les rues, ni les ports

Elle t'a laissé sur place avec le diable au corps

Elle est restée de glace quand tu hurlais à la mort

Elle était jamais jouasse et t'avais tous les torts

Elle t'a niqué ta race, mais tu la pleures encore

Elle te toise, elle te snobe, on ne te croise plus jamais sobre

Elle t'a laissé seul, seul, seul, seul sur le globe

 

Elle est là, tu la sens et tu sens que tu l'as dans le sang

 

Miss Catastrophe - Benjamin Biolay

 

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 08:49

Célèbrons aujourd'hui le St patron de l'Irlande à travers quelques uns de ses auteurs majeurs du XXème siècle... 

 

The twilight turns from amethyst

To deep and deeper blue,

The lamp fills with a pale green glow

The trees of the avenue.

 

The old piano plays an air,

Sedate and slow and gay;

She bends upon the yellow keys,

Her head inclines this way.

 

Shy thought and grave wide eyes and hands

That wander as they list -- -

The twilight turns to darker blue

With lights of amethyst.

The Twilight Turns - James Joyce, (Dublin, 1882 — Zurich, 1941)

 

 

If I make the lashes dark

And the eyes more bright

And the lips more scarlet,

Or ask if all be right

From mirror after mirror,

No vanity’s displayed:

I’m looking for the face I had

Before the world was made.

What if I look upon a man

As though on my beloved,

And my blood be cold the while

And my heart unmoved ?

Why should he think me cruel

Or that he is betrayed ?

I’d have him love the thing that was

Before the world was made.

BEFORE THE WORLD WAS MADE - William Butler Yeats, (Sandymount, Comté de Dublin, 1865 — Roquebrunne-Cap-Martin, 1939)

 

[traduction]

Si j’assombris mes cils

Et illumine mes yeux

Et fais mes lèvres plus écarlates,

Ou demande si tout cela est juste

De miroir en miroir,

Sans montrer de vanité :

Je cherche le visage que j’avais

Avant que le monde ne fût.

 

Et si je regarde un homme

Comme on regarde son aimé,

Comme si mon sang un instant se glace

Dans mon coeur immobile ?

Pourquoi penserait-il que je suis cruel

Ou qu’il soit trahi ?

J'aurais aimé le voir aimer ce qui était

Avant que le monde ne fût.

 

 

Que ferais-je sans ce monde sans visage

sans questions

où être ne dure qu'un instant où chaque instant

verse dans le vide dans l'oubli d'avoir été

sans cette onde où à la fin

corps et ombre ensemble s'engloutissent

que ferais-je sans ce silence gouffre des murmures

haletant furieux vers le secours vers l'amour

sans ce ciel qui s'élève

sur la poussière de ses lests

que ferais-je je ferais comme hier comme aujourd'hui

regardant par mon hublot si je ne suis pas seul

à errer et à virer loin de toute vie

dans un espace pantin

sans voix parmi les voix

enfermées avec moi.

Samuel Beckett, (Dublin, 1906 — Paris, 1989)  

  

Mais nous ne récupérons jamais notre jeunesse. L'impulsion de la joie qui bat en nous à vingt ans devient lente. Nos membres nous trahissent, nos sens se décomposent. nous devenons des marionnettes affreuses, hantées par la mémoire des passions dont nous avions trop peur, et les tentations exquises auxquelles nous n'avons pas eu le courage de nous abandonner.

Oscar Wilde, (Dublin, 1854 — Paris, 1900)

 

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17 mars 2011 4 17 /03 /mars /2011 08:37

Comme je descendais des Fleuves impassibles,

Je ne me sentis plus guidé par les haleurs :

Des Peaux-Rouges criards les avaient pris pour cibles,

Les ayant cloués nus aux poteaux de couleurs.

 

J'étais insoucieux de tous les équipages,

Porteur de blés flamands ou de cotons anglais.

Quand avec mes haleurs ont fini ces tapages,

Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais.

 

Dans les clapotements furieux des marées,

Moi, l'autre hiver, plus sourd que les cerveaux d'enfants,

Je courus ! Et les Péninsules démarrées

N'ont pas subi tohu-bohus plus triomphants.

 

La tempête a béni mes éveils maritimes.

Plus léger qu'un bouchon j'ai dansé sur les flots

Qu'on appelle rouleurs éternels de victimes,

Dix nuits, sans regretter l'oeil niais des falots !

 

Plus douce qu'aux enfants la chair des pommes sûres,

L'eau verte pénétra ma coque de sapin

Et des taches de vins bleus et des vomissures

Me lava, dispersant gouvernail et grappin.

 

Et dès lors, je me suis baigné dans le Poème

De la Mer, infusé d'astres, et lactescent,

Dévorant les azurs verts ; où, flottaison blême

Et ravie, un noyé pensif parfois descend ;

 

Où, teignant tout à coup les bleuités, délires

Et rhythmes lents sous les rutilements du jour,

Plus fortes que l'alcool, plus vastes que nos lyres,

Fermentent les rousseurs amères de l'amour !

 

Je sais les cieux crevant en éclairs, et les trombes

Et les ressacs et les courants : je sais le soir,

L'Aube exaltée ainsi qu'un peuple de colombes,

Et j'ai vu quelquefois ce que l'homme a cru voir !

 

J'ai vu le soleil bas, taché d'horreurs mystiques,

Illuminant de longs figements violets,

Pareils à des acteurs de drames très antiques

Les flots roulant au loin leurs frissons de volets !

 

J'ai rêvé la nuit verte aux neiges éblouies,

Baiser montant aux yeux des mers avec lenteurs,

La circulation des sèves inouïes,

Et l'éveil jaune et bleu des phosphores chanteurs !

 

J'ai suivi, des mois pleins, pareille aux vacheries

Hystériques, la houle à l'assaut des récifs,

Sans songer que les pieds lumineux des Maries

Pussent forcer le mufle aux Océans poussifs !

 

J'ai heurté, savez-vous, d'incroyables Florides

Mêlant aux fleurs des yeux de panthères à peaux

D'hommes ! Des arcs-en-ciel tendus comme des brides

Sous l'horizon des mers, à de glauques troupeaux !

 

J'ai vu fermenter les marais énormes, nasses

Où pourrit dans les joncs tout un Léviathan !

Des écroulements d'eaux au milieu des bonaces,

Et les lointains vers les gouffres cataractant !

 

Glaciers, soleils d'argent, flots nacreux, cieux de braises !

Échouages hideux au fond des golfes bruns

Où les serpents géants dévorés des punaises

Choient, des arbres tordus, avec de noirs parfums !

 

J'aurais voulu montrer aux enfants ces dorades

Du flot bleu, ces poissons d'or, ces poissons chantants.

- Des écumes de fleurs ont bercé mes dérades

Et d'ineffables vents m'ont ailé par instants.

 

Parfois, martyr lassé des pôles et des zones,

La mer dont le sanglot faisait mon roulis doux

Montait vers moi ses fleurs d'ombre aux ventouses jaunes

Et je restais, ainsi qu'une femme à genoux...

 

Presque île, ballottant sur mes bords les querelles

Et les fientes d'oiseaux clabaudeurs aux yeux blonds.

Et je voguais, lorsqu'à travers mes liens frêles

Des noyés descendaient dormir, à reculons !

 

Or moi, bateau perdu sous les cheveux des anses,

Jeté par l'ouragan dans l'éther sans oiseau,

Moi dont les Monitors et les voiliers des Hanses

N'auraient pas repêché la carcasse ivre d'eau ;

 

Libre, fumant, monté de brumes violettes,

Moi qui trouais le ciel rougeoyant comme un mur

Qui porte, confiture exquise aux bons poètes,

Des lichens de soleil et des morves d'azur ;

 

Qui courais, taché de lunules électriques,

Planche folle, escorté des hippocampes noirs,

Quand les juillets faisaient crouler à coups de triques

Les cieux ultramarins aux ardents entonnoirs ;

 

Moi qui tremblais, sentant geindre à cinquante lieues

Le rut des Béhémots et les Maelstroms épais,

Fileur éternel des immobilités bleues,

Je regrette l'Europe aux anciens parapets !

 

J'ai vu des archipels sidéraux ! et des îles

Dont les cieux délirants sont ouverts au vogueur :

- Est-ce en ces nuits sans fonds que tu dors et t'exiles,

Million d'oiseaux d'or, ô future Vigueur ?

 

Mais, vrai, j'ai trop pleuré ! Les Aubes sont navrantes.

Toute lune est atroce et tout soleil amer :

L'âcre amour m'a gonflé de torpeurs enivrantes.

Ô que ma quille éclate ! Ô que j'aille à la mer !

 

Si je désire une eau d'Europe, c'est la flache

Noire et froide où vers le crépuscule embaumé

Un enfant accroupi plein de tristesse, lâche

Un bateau frêle comme un papillon de mai.

 

Je ne puis plus, baigné de vos langueurs, ô lames,

Enlever leur sillage aux porteurs de cotons,

Ni traverser l'orgueil des drapeaux et des flammes,

Ni nager sous les yeux horribles des pontons.

 

Le bateau ivre - Arthur RIMBAUD (1854-1891)

 

 
 
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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 08:54

Voilà que je me sens plus proche encor des choses.

Je sais quel long travail tient l'ovaire des roses,

Comment la sauterelle au creux des rochers bleus

Appelle le soleil pour caresser ses neufs

Et pourquoi l'araignée, en exprimant sa moelle,

Protège ses petits d'un boursicot de toile.

Je sais quels yeux la biche arrête sur son faon,

Tellement notre esprit s'éclaire avec l'enfant ;

Je sais quels orgueils fous se cramponnent aux ventres,

Dans les nids, les sillons, les océans, les antres,

Quels sourds enfantements déchirent les terrains,

Quelles clameurs de sang s'élèvent des ravins.

Nous avons le regard des chattes en gésine

Quand le flux maternel nous gonfle la poitrine,

Quand l'embryon mutin bouge dans son étui

Comme un nouveau soleil sur qui pèse la nuit.

Nos seins lourds et féconds comme la grappe mûre

Offrent leur doux breuvage à toute la nature

Et notre obscur penchant voudrait verser son lait

À l'abeille, à la fleur, au ver, à l'agnelet.

Plaine grosse de sève et d'ardeurs printanières,

Écume salivant le désir des rivières,

Prunier croulant de miel, pesantes fenaisons,

Geste courbe et puissant des vertes frondaisons,

J'épouse la santé de votre âme charnelle

À présent que je vais forte comme Cybèle,

Que je suis le figuier qui pousse ses figons,

Qu'ayant connu l'essor hésitant du bourgeon

Et déployé la fleur où la guêpe vient boire,

Je m'achemine au fruit dans l'ampleur de sa gloire.

Le monde n'a plus rien de trop profond pour moi,

J'ai démêlé le sens des heures et des mois,

Et ma main qui s'arrête aux fentes des murailles

Sent dans le flanc du roc palpiter des entrailles.

Je n'aurais pas voulu, desséchant sur mon pied,

Être l'arbre stérile au tronc atrophié

Où l'abeille maçonne aurait creusé sa chambre,

Où quelque cep noueux gonflant sa grappe d'ambre

Aurait mis sur ma branche un air pâlot d'été

Sans que je participe à sa divinité.

Comme la riche nuit entre ses légers voiles

Voit dans son tablier affluer les étoiles,

Comme le long ruisseau abondant de poissons,

Je brasse en épis drus les humaines moissons.

Hommes, vous êtes tous mes fils, hommes, vous êtes

La chair que j'ai pétrie autour de vos squelettes.

Je sais les plis secrets de vos coeurs, votre front

Cherche pour y dormir mon auguste giron,

Et ma main pour flatter vos douleurs éternelles

Contient tous les nectars des sources maternelles.

 

Voilà que je me sens... - Cécile SAUVAGE (1883-1927)

 

 

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16 mars 2011 3 16 /03 /mars /2011 08:43

Et si vous arrêtiez de critiquer une musique au bout d’une seule écoute ?

 

C’est donc ici qu’on écrit pour dire que l’on aime pas une musique ? Bla bla bla, j’aime pas le nouveau des Kills, bla bla je dois le dire à tout le monde. Je vous renvoie sur une citation de Trainspotting qui en dit large :

« Le monde change, la musique change, les drogues changent, même les hommes et les femmes changent. »

Et je parie qu’Elise dansera comme une folle dans une semaine sur Satellite. J’étais tout aussi sceptique qu’elle, mais au fond, elle est bien cette chanson !

 

Se plaindre, la passion favorite des Français. Avoir une opinion négative au bout d’une seule écoute, le principal défaut des Français.

 

Prenons un exemple « récent », MGMT. Une semaine après la sortie c’était « ça ressemble pas à du MGMT », « on veut du Kids v2″. Ils sont forts quand même ces Français à mettre une affiche sur un groupe avec un seul album. Et pourtant maintenant, à en croire les commentaires sur Deezer, c’est l’album du siècle. Un autre exemple ? Foals. Combien de commentaire négatif j’ai lu de leur dernier album. Je comprends vraiment pas l’envie de détruire un album parce qu’à la première écoute on ne l’aime pas.

 

C’est la même pour Radiohead, on nous a laissé sur un In Rainbows excellent et tout le monde se plaint parce qu’il ressemble pas du tout aux anciens. Bon certes, Thom a sans doute des tendances hipster et danse super mal, mais l’album est écoutable et il a sa place dans la plupart des iPod. Et je ne vous parle même pas des Klaxons, et pourtant maintenant tout le monde aime leur album.

 

C’est sûrement l’effet 2009. Les Français se mettent dans la tête que tous les nouveaux albums des groupes seront obligatoirement nuls. Muse (bon celui là est vraiment à chier), Humbug…

 

Alors moi, je vais faire pareil : j’ai même pas écouté un tiers de la tracklist du nouvel album des Strokes, Angles, que je sais que c’est de la merde. En même temps, après 10 fois qu’ils repoussent mois après mois la date de sortie, après le nombre d’engueulade qu’il y a eu au sein du groupe, je m’attends pas à une version 2 de Room On Fire. De toute façon, la musique ne change pas, un groupe doit toujours rester le même, hihi.

 

Je déconne. Si ça se trouve, ça sera vraiment cet effet-là, mais en tout cas, arrêtez de critiquer alors qu’une chanson ne vous plaît pas ou alors que vous avez écouté l’album qu’une seule fois. C’est soit vous écoutez ça, ou soit vous serez obligé de vous taper du Lady Gaga, du Ben l’Oncle Soul ou du JLO, à vous de choisir !

 

Bisou quand même.

Maxime M.

 

 

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 10:43
Moi je l'aimais bien ta mèche, elle était toi
Elle était ta complice, elle était de mèche
Elle était tout sauf moche et pleine d'émoi
Elle te rendait mystérieuse, ange et démon
Elle accentuait ton regard polisson.
 
Elle te rendait blanche comme neige,
Elle était ta personnalité, l'enfance qui se cachait
Elle était ce croquis cocasse sous ta table basse
Elle était ta cachette, ton refuge, ton masque
Elle était l'intrigue d'un conte de fée embrumé.
 
Moi, j'aimais bien cette mèche complice,
Que d'autres ont pu trouver réductrice,
Elle comblait les arcanes de tes cicatrices,
Elle te protégeait des coups d'oeil peu complices.
Elle jetait un trouble, un espace entre les interstices
Elle jouait le rôle détourné d'une provocatrice
D'Albator, elle en était l'inspiratrice
Si, si, mais elle n'avait rien d'une impératrice...
 
Une mèche s'est éteinte pour masquer un feu follet,
Elle t'efface une contrainte, pourtant elle t'habitait,
Je ne l'oublierai pas et fondamentalement, je la regretterais.
Pour elle j'ai envie de faire une complainte : reviens mèche bien aimée!
De ton regard ancien et diffus, je chérissais l'ambiguïté...
 
chaperon vif
 
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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 09:22

La grande plaine est blanche, immobile et sans voix.

Pas un bruit, pas un son ; toute vie est éteinte.

Mais on entend parfois, comme une morne plainte,

Quelque chien sans abri qui hurle au coin d'un bois.

 

Plus de chansons dans l'air, sous nos pieds plus de chaumes.

L'hiver s'est abattu sur toute floraison ;

Des arbres dépouillés dressent à l'horizon

Leurs squelettes blanchis ainsi que des fantômes.

 

La lune est large et pâle et semble se hâter.

On dirait qu'elle a froid dans le grand ciel austère.

De son morne regard elle parcourt la terre,

Et, voyant tout désert, s'empresse à nous quitter.

 

Et froids tombent sur nous les rayons qu'elle darde,

Fantastiques lueurs qu'elle s'en va semant ;

Et la neige s'éclaire au loin, sinistrement,

Aux étranges reflets de la clarté blafarde.

 

Oh ! la terrible nuit pour les petits oiseaux !

Un vent glacé frissonne et court par les allées ;

Eux, n'ayant plus l'asile ombragé des berceaux,

Ne peuvent pas dormir sur leurs pattes gelées.

 

Dans les grands arbres nus que couvre le verglas

Ils sont là, tout tremblants, sans rien qui les protège ;

De leur oeil inquiet ils regardent la neige,

Attendant jusqu'au jour la nuit qui ne vient pas.

 

Nuit de neige - Guy de MAUPASSANT (1850-1893)

 

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15 mars 2011 2 15 /03 /mars /2011 08:38

Pétard qui tranche de la bombe,

Le Winchester a retenti :

Ton doux vol s'est brisé, colombe,

Petit point au ciel, tout petit...

 

Pauvre être ! au plus haut des espaces,

Il buvait l'azur, loin de tout :

Ivresse, spectacle des Grâces !

"Beau coup de fusil ! - Yes ! beau coup ! "

 

Chute immense ! Deuil d'Amathonte !

Triomphe de l'iniquité !

Mais l'attentat à la Beauté,

Compte à rendre, assassins ! Quel compte !

 

Dans le coeur du poète, ô soeurs

Le Silence creuse vos tombes :

L'Amour, ennemi des chasseurs,

Y viendra pleurer les colombes.

 

L'élégie du sang des colombes - Maurice DU PLESSYS (1864-1924)

 

 

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14 mars 2011 1 14 /03 /mars /2011 17:30
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  • : Une quintessence de futilité ambiante avec des reminiscences variables de secousses telluriques, atmosphériques, éthyliques...
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