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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 08:48

I

New York ! D'abord j'ai été confondu par ta beauté, ces grandes filles d'or aux jambes longues.

Si timide d'abord devant tes yeux de métal bleu, ton sourire de givre

Si timide.  Et l'angoisse au fond des rues à gratte-ciel

Levant des yeux de chouette parmi l'éclipse du soleil.

Sulfureuse ta lumière et les fûts livides, dont les têtes foudroient le ciel

Les gratte-ciel qui défient les cyclones sur leurs muscles d'acier et leur peau patinée de pierres.

Mais quinze jours sur les trottoirs chauves de Manhattan 

- C'est au bout de la troisième semaine que vous saisit la fièvre en un bond de jaguar

Quinze jours sans un puits ni pâturage, tous les oiseaux de l'air

Tombant soudain et morts sous les hautes cendres des terrasses.

Pas un rire d'enfant en fleur, sa main dans ma main fraîche 

Pas un sein maternel, des jambes de nylon.  Des jambes et des seins sans sueur ni odeur.

Pas un mot tendre en l'absence de lèvres, rien que des coeurs artificiels payés en monnaie forte

Et pas un livre où lire la sagesse.  La palette du peintre fleurit des Cristaux d,2 corail.

Nuits d'insomnie ô nuits de Manhattan i si agitées de feux follets, tandis que les klaxons hurlent des heures vides 

Et que les eaux obscures charrient des amours hygiéniques, tels des fleuves en crue des cadavres d'enfants.

 

II

Voici le temps des signes et des comptes

New York ! or voici le temps de la manne et de l'hysope.

Il n'est que d'écouter les trombones de Dieu, ton coeur battre au rythme du sang ton sang.

J'ai vu dans Harlem bourdonnant de bruits de couleurs solennelles et d'odeurs flamboyantes 

- C'est l'heure du thé chez le livreur-en-produits-pharmaceutiques

J'ai vu se préparer la fête de la inuit à la fuite du jour. Je proclame la Nuit plus véridique que le jour.

C'est l'heure pure où dans les rues, Dieu fait germer la vie d'avant mémoire

Tous les éléments amphibies rayonnants comme des soleils.

Harlem Harlem ! voici ce que j'ai vu Harlem Harlem !

Une brise verte de blés sourdre des pavés labourés par les Pieds nus de danseurs Dans

Croupes ondes de soie et seins de fers de lance, ballets de nénuphars et de masques fabuleux

Aux pieds des chevaux de police, les mangues de l'amour rouler des maisons basses.

Et j'ai vu le long des trottoirs, des ruisseaux de rhum blanc des ruisseaux de lait noir dans le brouillard bleu des cigares.

J'ai vu le ciel neiger au soir des fleurs de coton et des ailes de séraphins et des panaches de sorciers. 

Écoute New York ! ô écoute ta voix mâle de cuivre ta voix vibrante de hautbois, l'angoisse bouchée de tes larmes tomber en gros caillots de sang

Écoute au loin battre ton coeur nocturne, rythme et sang du tam-tam, tam-tam sang et tam-tam.

 

III

New York ! je dis New York, laisse affluer le sang noir dans ton sang

Qu'il dérouille tes articulations d'acier, comme une huile de vie

Qu'il donne à tes ponts la courbe des croupes et la souplesse des lianes.

Voici revenir les temps très anciens, l'unité retrouvée la réconciliation du Lion du Taureau et de l'Arbre.

L'idée liée à l'acte l'oreille au coeur le signe au sens.

Voilà tes fleuves bruissants de caïmans musqués et de lamantins aux yeux de mirages.  Et nul besoin d'inventer les Sirènes.

Mais il suffit d'ouvrir les yeux à l'arc-en-ciel d'Avril

Et les oreilles, surtout les oreilles à Dieu qui d'un rire de saxophone créa le ciel et la terre en six jours.

Et le septième jour, il dormit du grand sommeil nègre.

 

Léopold Sédar SENGHOR, Ethiopiques, 1956

 

 

 

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14 juin 2011 2 14 /06 /juin /2011 04:57
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13 juin 2011 1 13 /06 /juin /2011 09:11

Vivre, permanente surprise !

L'amour de soi, quoi que l'on dise !

L'effort d'être, toujours plus haut,

Le premier parmi les égaux.

La vanité pour le visage,

Pour la main, le sein, le genou,

Tout le tendre humain paysage !

L'orgueil que nous avons de nous,

Secrètement. L'honneur physique,

Cette intérieure musique

Par quoi nous nous guidons, et puis

Le sol creux, les cordes, le puits

où lourdement va disparaître

Le corps ivre d'éternité.

 

- Et l'injure de cesser d'être,

Pire que n'avoir pas été !

 

Vivre, permanente surprise ! - Anna de NOAILLES (1876-1933)

 

 

A la St Hervald, j'écoute Ella Fitzgerald...

 

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12 juin 2011 7 12 /06 /juin /2011 09:36
Vous avez un regard singulier et charmant ;

Comme la lune au fond du lac qui la reflète,

Votre prunelle, où brille une humide paillette,

Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;

 

Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ;

Ils sont de plus belle eau qu'une perle parfaite,

Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,

Ne voilent qu'à demi leur vif rayonnement.

 

Mille petits amours, à leur miroir de flamme,

Se viennent regarder et s'y trouvent plus beaux,

Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.

 

Ils sont si transparents, qu'ils laissent voir votre âme,

Comme une fleur céleste au calice idéal

Que l'on apercevrait à travers un cristal.

 

A deux beaux yeux - Théophile GAUTIER (1811-1872)

 

 
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11 juin 2011 6 11 /06 /juin /2011 09:51

Bibite : mot italien passablement ridicule (prononcez bibité) signifiant boisson, rafraichissement, drink et qui, peut donc préter à confusion : Do you want to have a bibite wiz mi ? ou alors Try my bibite, she's rilly rilly good !

 

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10 juin 2011 5 10 /06 /juin /2011 09:26
Petit clin d'oeil sixties...
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9 juin 2011 4 09 /06 /juin /2011 10:28

Laisse couler mes pleurs tendres sur ton visage.

Bois-les, je suis ta soeur humaine dans la vie,

Le sang coule en ma chair pour être ta pâture

Et l'amour de la créature

M'a pour jamais vers toi, ô mon frère, inclinée.

Quel intime frisson de chair nous réunit,

Quelle nudité d'âme et de chair nous assemble,

Ô toi seul devant qui je demeure plus nue

Qu'au jour de ma naissance ignorante et naïve.

 

Laisse couler mes pleurs - Cécile SAUVAGE (1883-1927)

 

 

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8 juin 2011 3 08 /06 /juin /2011 10:23

Sur la luzerne en fleur assise,

Qui chante dès le frais matin ?

C'est la fille aux cheveux de lin,

La belle aux lèvres de cerise.

 

L'amour, au clair soleil d'été,

Avec l'alouette a chanté.

 

Ta bouche a des couleurs divines,

Ma chère, et tente le baiser !

Sur l'herbe en fleur veux-tu causer,

Fille aux cils longs, aux boucles fines ?

 

L'amour, au clair soleil d'été,

Avec l'alouette a chanté.

 

Ne dis pas non, fille cruelle !

Ne dis pas oui ! J'entendrai mieux

Le long regard de tes grands yeux

Et ta lèvre rose, ô ma belle !

 

L'amour, au clair soleil d'été,

Avec l'alouette a chanté.

 

Adieu les daims, adieu les lièvres

Et les rouges perdrix ! Je veux

Baiser le lin de tes cheveux,

Presser la pourpre de tes lèvres !

 

L'amour, au clair soleil d'été,

Avec l'alouette a chanté.

 

La fille aux cheveux de lin - Charles-Marie LECONTE DE LISLE (1818-1894)

 

 

 

 
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7 juin 2011 2 07 /06 /juin /2011 10:05

Je suis blonde et charmante,

Ailée et transparente,

Sylphe, follet léger, je suis fille de l'air,

Que puis-je avoir à craindre ?

Une nuit de m'éteindre ?

Qu'importe de mourir comme meurt un éclair !

 

Je vole sur la nue ;

Aux mortels inconnue,

Je dispute en riant la vitesse aux zéphirs !

Il n'est point de tempête

Qui pende sur ma tête ;

Je plane, et n'entends plus des trop lointains soupirs.

 

Je vais où va l'aurore ;

On me retrouve encore

Aux mers où tout en feu se plonge le soleil !

Quand son tour le ramène,

Prompte, sans perdre haleine,

je le joins, et c'est moi qu'on salue au réveil.

 

Qui suis-je ? où suis-je ? où vais-je ?

N'ayant pour tout cortège

Que les oiseaux de l'air, les étoiles aux cieux ?

Je ne sais ; mais tranquille,

Aux pensers indocile,

Je m'envole au zénith, au fronton radieux !

 

Parfois je suis contrainte ;

Mais c'est la molle étreinte

De l'amour qui me berce en ses vives ardeurs !

J'en connais tous les charmes ;

J'en ignore les larmes,

Et toujours en riant, je vais de fleurs en fleurs

 

Vive, alerte et folâtre

De l'air pur idolâtre

Je vole avec Iris aux couleurs sans pareil ;

Souvent je me dérobe

Dans les plis de sa robe

Faite d'un clair tissu des rayons du soleil.

 

Souvent dans mon courage,

Je rencontre au passage

Une âme qui s'envole au céleste séjour ;

Je ne puis, bonne et tendre,

Lorsqu'elle peut m'entendre,

Ne pas lui souhaiter vers moi le gai retour !

 

Des échos la tristesse

M'apprend que l'allégresse

Ne règne pas toujours aux choses d'ici-bas,

Et que parfois la guerre

Va remuer la terre.

La faim, le froid, la soif ! qu'on ne m'en parle pas !

 

Si jadis quelque chose

Me venait ; de la rose

C'était le doux parfum que le vent m'apportait !

Je croyais, pauvre folle,

La rose, le symbole

Du bonheur que la terre à mes yeux présentait !

 

La terre par l'espace

Dans l'ordre qu'elle trace

Traîne trop de malheurs et de peine en son vol ;

Le bruit souvent l'atteste,

Son spectacle est funeste,

Et certes ne vaut pas un détour de mon col !

 

Pourquoi m'occuper d'elle,

Je suis jeune, et suis belle ;

Mes lèvres sont de rose, et mes yeux sont d'azur :

A mes traits si limpides

L'honneur mettrait des rides ;

La terre ternirait l'éclat de mon ciel pur !

 

Parfois vive et folette,

Poursuivant la comète,

Dans l'espace inconnu nous prenons notre essor !

A mon front je mesure

Sa blonde chevelure

Qui traîne dans les airs un ardent sillon d'or !

 

Lorsque je me promène,

Pour qu'elle m'entretienne,

Pourquoi pas de compagne aux mots doux et vermeils ?

Quoi ! n'en aurais-je aucune ?

Ah ! pardon, j'ai la lune,

L'étoile, la planète, et mes mille soleils !

 

J'ai quelquefois des anges,

Car leurs saintes phalanges,

Je les suis en priant ; plus prompte que l'éclair ;

Sans leur porter envie,

Je préfère ma vie :

Rien n'est si doux aux sens que de nager dans l'air.

 

Si le sommeil me gagne,

Ma couche m'accompagne,

Couverte d'un manteau brodé de bleus saphirs ;

Dans les flots de lumière,

Je ferme ma paupière,

Laissant flotter ma robe entrouverte aux zéphirs.

 

La fille de l'air [A Herminie] - Jules VERNE (1828-1905)

 

 

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6 juin 2011 1 06 /06 /juin /2011 09:28

Dans la salle riante et de feux entourée,

S'élançant au milieu de la foule enivrée,

Vive, modeste et jeune entre ses jeunes soeurs,

Elle m'est apparue et la nuit et charmante !

Depuis à mon esprit vaguement se présente

Une fête, une femme, un sourire et des fleurs.

 

Oh! comme elle était blanche ! oh! comme elle était belle !

Je regardais le bal ; mais je ne voyais qu'elle,

Et de son corps léger les contours gracieux,

Ses mains qu'elle donnait en baissant ses beaux yeux.

J'écoutais des accords la bruyante harmonie,

Du charme de sa voix la douceur infinie ;

Puis je cherchai longtemps ses attraits disparus ...

Le bal continuait : la fête n'était plus.

 

La jeune fille - Jules de RESSÉGUIER (1788-1862)

 

 

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